Dans le texte sur les états du changement, nous avons vu qu’ils vont de Alpha à Bêta, Gamma, Delta, puis à nouveau Alpha. En ce qui me concerne, le monde autour de moi et les gens qui ont croisé mon chemin m’ont conduite au stade Gamma qui est fortement présent chez moi selon l’analyse néo-zélandaise.
Le piège Gamma selon le livre
Un état de colère, de manque d’espoir et de révolution. Si les choses vont suffisamment mal, l’entité (organisation ou personne) descend de Bêta à Gamma. Et là, on est fait comme un rat en raison de barrières qui semblent infranchissables. La pensée de déni et brumeuse habituelle en Bêta fait place à une dure réalité. Il y a en Gamma une vision claire de comment sont les choses que l’on considère mauvaises, que la perception soit correcte ou pas ((ce qui est correct change à chaque valmème)), Gamma produit un vrai sens pour savoir ce qui n’a pas marché et pourquoi ((pour soi et uniquement pour soi)).
Avant le piège profond, on a une option de réforme que d’autres doivent voir. Mais plus que souvent, le passage aux 100% Gamma ne peut pas être évité. Arrivé à cet état, l’option de réforme est toujours présente et offre un contournement du piège pour ceux qui sont assez rapides ((ou soutenus)) pour en prendre le chemin. Si la plupart des 6 conditions sont remplies et le reste l’est pratiquement, les individus peuvent prendre leur vie en main et contourner les profondeurs de Gamma. Les entreprises peuvent reconnaître les dangers qui s’annoncent et faire quelque chose avant l’effondrement. Des sociétés entières peuvent se transformer avant que les infrastructures ne deviennent irréparables, et que l’usine à civilisation aille au-delà du rafistolage.
Mais voir l’option de réforme requiert en général que quelqu’un vous ramène vers le bas et vous le montre. En fait, prendre le chemin de la réforme requiert une volonté de pro-agir plutôt que de réagir, un engagement sincère à prendre quelques risques et d’avoir l’énergie de se détourner d’un chemin glissant et d’avancer à travers champs. La plupart des gens attendent que le prochain pont soit construit, et alors il est trop tard, car ils tombent dans le piège Gamma.
((Mon pont, ce sont les relations humaines que je peux tisser avec d’autres. En France, plus précisément en Alsace, les gens mènent une guerre sociale contre moi, je vis dans l’exclusion pour délit de conscience. Je n’ai pas le droit de dire ce que me dicte ma conscience, ma pensée si je veux être acceptée. C’est absurde et j’en suis bien consciente.))
Un Gamma profond est une période très difficile car une partie de la perception est que l’intéressé n’a pratiquement aucun pouvoir pour changer les choses. ((Je suis dans cette situation, mais les « nassaras », les blancs comme on dit au Burkina, n’en ont que faire.)) Souvent le système de valmèmes est lui-même la barrière. La personne sait trop pour son propre bien. ((Ce problème est bien le mien, alors je fais quoi, je coupe un quart de ma cervelle pour savoir moins???))
Les émotions qu’occasionnent les frustrations et la confusion de Bêta libèrent une colère profonde et de l’hostilité en Gamma. Même revenir au passé n’a plus de sens. Imaginez-vous dans le coffre d’une voiture, impossible de vous libérer. Personne ne peut entendre vos cris désespérés pour de l’aide. Plus d’espace pour respirer. Pouvez-vous ressentir la panique, la peur? Vous vivez sur des montagnes russes émotionnelles. Il y a des tentatives effrénées d’en sortir, de trouver de simples moments de paix dans un monde chaotique et chancelant. La patience de Bêta du « attendons, nous verrons bien » ou « espérons que les choses se passent bien » est remplacée par des demandes impatientes d’actions et des actions maintenant, tout de suite. Il n’y a plus rien à perdre.
Une fois que des systèmes entrent en phase Gamma sans le remarquer, ils se sont éloignés du vieux chemin Alpha vers le bien-être. ((Ce sont les autres, les égoïstes, ceux qui m’ont abandonnée, qui m’ont fait entrer dans la phase Gamma. La culture de l’ego est contraire à ma culture tournée vers autrui)). On ne peut plus aller en arrière, mais on ne peut pas non plus avancer. C’est ainsi dans le piège Gamma. On peut le déceler chez les individus qui régressent sur la Spirale, cherchant désespérément le chemin vers le nirvana. Des organisations et des sociétés entières peuvent, elles-aussi, se trouver en chute libre, ne sachant pas si elles vont survivre demain. A chaque tournant, elles sont bloquées. Les options de Bêta n’existent plus. Le coffre de voiture a été fermé avec violence.
Toute l’énergie disponible est concentrée pour exister au jour le jour. La nuit apporte des moments de réflexion et de désespoir. L’aube n’éveille que des instincts de survie primitifs – fuir ou se battre. Mais quel bonheur y a-t-il pour une mouche de voler en plein dans une flamme? ((Tout à fait ma question. Quel bonheur aurais-je à soutenir un SYSTEME totalement absurde? Aucun, absolument aucun, une frustration sans fin. Mon plaisir, c’est d’être du côté des alternatives. Et depuis le changement de paradigme de 2012, je travaille avec des Américains à ma pure et pleine liberté de ce système d’abrutis.))
Quel en est le sens? Oublier le futur? Au diable le passé? Les autres n’ont qu’à s’occuper d’eux-mêmes? ((Je n’arrive pas à raisonner ainsi. Même dans l’exclusion depuis 15 ans, ma pensée va d’abord aux plus faibles.)) La souffrance pénètre dans la profondeur de l’âme. ((Je pense que les blancs sont déjà en grande partie déshumanisés, qu’ils ne ressentent plus rien et qu’ils sont capables de vous répondre « je n’ai pas à m’occuper de tes problèmes » alors qu’ils sont directement à l’origine d’une grande partie de ces problèmes)). Le loup est à la porte. Si vous avez vécu une partie de votre vie de manière douloureuse et néfaste, vous y avez été, dans ce piège Gamma. Si vous percevez les tons de langueur triste de la musique Country et Western, les guitares furieuses du Grunge ou si vous sentez l’espoir plein de souffrance du Blues, vous comprendrez le piège Gamma. Si vous êtes chanceux, vous n’avez pas longtemps à rester pris dans ce déluge émotionnel, les vents du changement vous portent. Si vous êtes malchanceux, le piège Gamma peut devenir un style de vie.
Se confronter aux barrières de Gamma
Gamma produit un assaut sur les barrières1. Les barrières sont toutes de diverses tailles, formes et niveau d’intensité. Peu importe si elles sont réelles ou imaginaires. Nos actions ressortiront nécessairement de ces perceptions. Certains murs existent à l’extérieur de nous, tel le manque d’accès à l’éducation, des opportunités de travail rémunéré limitées, des barrières raciales, sexuelles, ethniques ou nationalistes, des pièges de relation ou de mariage et des structures autoritaires de contrôle despotique.
Il y a aussi les blocages internes tels les blessures et griefs psychologiques non résolus, même ceux attachés à l’enfance, des doutes personnels, une faible idée de soi et le manque de pouvoir personnel ((quand on fait du social, on construit avec les autres, on a besoin de dons à partir de leurs impôts, on a besoin d’eux. S’ils vous refusent toute aide, on ne peut rien construire, on n’a aucun pouvoir)), une culpabilité en raison d’erreurs passées et de trahisons et nos talents et intelligences limitées, ils constituent tous des barrières. Gamma est une période où l’on veut s’échapper, fuir, foncer et être libéré des liens qui nous serrent la gorge. Regardez comme un ami traverse sa crise des 40 ans ou se bat dans un divorce et vous pourrez souvent sentir la nature erratique de Gamma.
Lorsque confronté à des barrières puissantes et omniprésentes, chacun des valmèmes répondra à sa façon. Étant donné que Gamma est rarement du pur plaisir, anticipez le côté noir ou l’expression malsaine du système lors de la descente rapide. Lorsque Vert rencontre les barrières, il descendra dans une posture rigide, politiquement correcte, questionnant avec arrogance les motifs de tous les autres. Lorsque Jaune rencontre des barrières, il va évaluer la scène et partir ou non après une analyse pour voir si les cartes parlent contre les actions positives.
Si les barrières sont suffisamment profondes, vous verrez la descente vers les niveaux précédents sur la Spirale. Bleu vers Rouge, Rouge vers Violet, Vert vers Orange. Les régressions sont difficiles au maximum. Le piège Gamma s’étend des comportements psychopathologiques plutôt que névrotiques, allant des formes d’auto-destruction (actes sauvages et fous et même le suicide) aux actes morbides et antisociaux (crimes, attaques personnelles vicieuses, homicides et terrorisme). Des émeutes éclatent, des bureaux de poste sont attaqués, et des avions sont abattus à l’aide de bombes lancées par des gens pris dans le piège Gamma.
Malgré l’inconfort qu’il cause pour celui ou celle qui le vit et pour son entourage si elle en a un, le creux Gamma semble inévitable. Il en est même bénéfique en ce qu’il donne la certitude que la seule solution est bien le passage au niveau suivant. Toutefois, un accompagnement approprié ((je ne l’ai jamais eu, au contraire c’est moi qui en accompagnais d’autres)) par des parents, des managers, des coaches, des thérapeutes, des travailleurs sociaux ou des hommes politiques permet de le rendre moins intense et plus court. ((Et maintenant que c’est moi qui ai besoin d’aide, je n’en trouve pas.
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