Le thème central de la personne positionnée en JAUNE est “Exprimer le soi, mais jamais aux dépens des autres, pour que toute vie puisse continuer de manière naturelle et fonctionnelle”.
Le niveau VERT n’apporte un jour plus la satisfaction personnelle et montre ses limites dans les relations avec soi et les autres. Dans le livre sur la Spirale, je lis une phrase qui me surprend: “Plus le nombre de gens qui adhèrent à ses valeurs est élevé, plus il devient difficile de fonctionner”. Cela signifie donc que la société française, par exemple, ne pourra jamais fonctionner entièrement en VERT! Je m’étais dit que cela permettrait de s’approcher de la société idéale à laquelle aspirent les humains éveillés. Mais j’ai retenu aussi que chaque valmème a ses côtés négatifs. Ici, ce serait l’expression des émotions et la recherche de consensus qui ralentissent les processus d’évolution. C’est en effet ce que j’ai remarqué au niveau des associations, surtout les politiques: ça discute, ça discute, ça discute sans fin, mais ça n’agit pas. Et quand ça agit, c’est inefficace. Je pense aux dizaines d’années perdues par les associations et ONG qui venaient avec leurs idées de blancs pour faire du développement en Afrique et ne comprenaient pas que là-bas, c’est un autre monde avec d’autres règles auxquelles il faut s’adapter. Pour un VERT, ne pas observer les règles de POURPRE signifie frustration et découragement. Cela ralentit alors par la même occasion l’efficacité du VERT. Incapable de traiter les problèmes du monde auxquels il est confronté et qu’il sent comme devoir de résoudre, le VERT subit aussi les assauts des niveaux d’existence précédents et manque de puissance pour y répondre.
Lorsque l’on évolue vers le niveau JAUNE, on a pris conscience de l’état désastreux du monde, il n’y a alors plus de “tout le monde, il est beau, tout le monde il est gentil”. Selon le livre, le Jaune “est sensible aux autres et veut contribuer à régler les problèmes globaux, sans que cela l’empêche d’être d’un individualisme obstiné”. Cela se ressent dans ce que j’avais appelé l’individualisme communautaire représenté par la communille composé de communauté et famille. “Si le succès ou l’échec de cette planète et des êtres humains dépendait de mon attitude et de mes actes, quelle serait mon attitude? Qu’est-ce que je ferais?” Pour moi, la question ne se pose plus, c’est une affirmation: l’état du monde dépend de mes actes, donc j’en pose et j’ai changé mes comportements de consommation.
“La personne centrée en JAUNE commence par définir ses principes. Ceux-ci lui sont personnels et, héritage de VERT, ils sont relatifs au sens où elle est consciente qu’ils sont adaptés à une situation et à un moment donné et qu’elle est prête à en changer s’ils se révèlent inadaptés. Cela lui permet d’être extrêmement ferme sur lesdits principes sans sombrer dans l’intolérance ou le prosélytisme de BLEU.” C’est vrai, cela fait des années que j’ai réfléchi à ce besoin de créer des principes suivis par ceux qui y adhèrent et que j’en ai développé quelques nouveaux et défini leur territoire d’application.
“Dans un deuxième temps, elle cherche des modèles théoriques qui lui permettent de comprendre la situation comme un modèle ouvert, de définir une action réaliste et de prévoir autant que faire se peut les conséquences sur le système et sur ceux auxquels il est relié. Enfin, elle cherche le plus possible avec le moins de ressources possibles. Pour cela, elle accepte et utilise les lois naturelles, tolère l’incertitude et le chaos, et privilégie systématiquement la fonctionnalité. Cette action, elle la veut efficace et efficiente, mais n’en attend pas de retour sur les plans émotionnel et de l’image sociale.” Selon Clare Graves, le créateur et développeur de la Spirale Dynamique “JAUNE a de l’ambition, mais n’est pas ambitieux“.
“L’individu dominé par JAUNE privilégie le savoir. Il est en apprentissage permanent et est disponible pour partager ses connaissances. A l’inverse, il est parfaitement conscient des limites de son savoir et de l’impossibilité de le rendre universel: il accepte ses zones d’ignorance sans en être incommodé et sans éprouver le besoin de les masquer par des systèmes ou des explications simplistes. Le fait de ne pas savoir implique par contre de ne pas exprimer d’opinion tranchée; c’est une simple question de responsabilité. JAUNE est extrêmement intolérant vis à vis de ceux qui transgressent cette obligation, au point que les personnes positionnées sur le premier plateau ((un choix de terme que je préfère à boucle ou gradin)) le croient parfois centré en ROUGE. Ne nous trompons pas toutefois sur son attitude: comme le disait Clare Graves, il peut exploser, mais n’est pas en colère ou dans tout ses états à ce propos.”
Venant après VERT, la personne centrée en JAUNE se méfie des excès d’émotions. Elle peut prendre soin des autres , mais ne se sent pas obligée de le faire. Là encore, c’est la fonctionnalité qui est privilégiée. Elle se veut libre, même si cette liberté s’exerce dans le cadre d’une éthique stricte que le professeur Graves résume ainsi: “Observez ce qu’est réellement la vie et vous saurez quoi faire.” Par “la vie”, JAUNE veut signifier “toute vie”. Comme toujours, il considère l’humanité comme un système ouvert, et sa survie dépend donc de celle de toute vie. On va là bien au-delà de l’humanocentrisme amorcé en VERT.
La sociogenèse de JAUNE
JAUNE est apparu dans les années 1960-70. Il ne s’agit que
d’individus isolés ou à la rigueur réunis dans quelques organisations ou entreprises. Nulle part les conditions de vie ne sont telles qu’elles permettent l’émergence d’une société centrée sur ce valmème.
Comme pour les deux niveaux d’existence précédents, c’est dans le domaine intellectuel en premier que les manifestations de JAUNE ont été visibles, notamment par les théories déjà citées.
JAUNE dans les sociétés actuelles
Selon les estimations de Cowan et Beck, JAUNE concerne aujourd’hui environ 5% de la population mondiale. Ces individus sont assez difficiles à repérer pour trois raisons. D’abord, leur volonté d’agir en ayant l’impact minimal les rend peu visibles. Ensuite, leur désintérêt pour tout ce qui est image fait qu’ils ne se mettent pas en avant et qu’ils n’éprouvent pas le besoin de clamer sur les toits qui ils sont et ce qu’ils font. Enfin, quand ils sont en interaction avec une personne, ils peuvent parfaitement utiliser un niveau d’existence inférieur plus adapté.
On peut toutefois les reconnaître parce qu’ils utilisent successivement ou simultanément plusieurs niveaux d’existence. Quand elles utilisent des niveaux d’existence du premier Plateau, les personnes dominées par JAUNE en apprécient la valeur, mais elles n’y sont pas attachées.
La psychogenèse JAUNE
Aujourd’hui, les individus ayant atteint le niveau JAUNE l’ont forcément fait au cours de leur âge adulte, dans des conditions de vie très particulières. Il faut qu’ils aient rejeté ORANGE, puis qu’ils aient adhéré à VERT et l’aient expérimenté et rejeté à son tour, enfin qu’ils aient acquis les modes de pensée et de fonctionnement de JAUNE! C’est relativement rare et lié à une histoire de vie particulière.
Rien ne permet donc aujourd’hui d’imaginer quand et comment se mettra en place JAUNE dans le développement psychologique des individus lorsque ce valmème sera répandu et concernera une part significative de la société.
Vivre avec des individus en JAUNE
Communiquer, vivre, travailler avec une personne centrée en JAUNE est aisé… théoriquement! Elle est foncièrement autonome, responsable et peu exigeante. Compliments, attentions, joies de l’existence quotidienne, elle peut apprécier tout cela, mais elle peut aussi s’en passer et, au fond, “cela n’a pas d’importance”. Pour tous les niveaux précédents de la Spirale Dynamique, cette non-dépendance est perçue comme de la distance, voire du désintérêt. Ce n’est pas le cas, mais elle considère que vous avez le droit de percevoir son attitude ainsi et ne prend pas forcément le temps, une ressource précieuse, de vous expliquer son fonctionnement.
Le relativisme de ses principes et de ses modèles amène un individu dominé par JAUNE à changer facilement de cap dès qu’il pense avoir trouvé une manière plus fonctionnelle d’être et d’agir. Là aussi, il ne s’explique que s’il le juge nécessaire et peut être perçu comme amoral et versatile par les valmèmes du premier plateau.
En entreprise, la personne positionnée en JAUNE fait ce qu’elle estime approprié pour remplir sa fonction. Elle admet évidemment qu’une direction définisse une finalité et des objectifs, mais elle se débrouille seule pour les atteindre et estime que son management doit se manifester uniquement quand elle en exprime le besoin. La notion de loyauté vis à vis d’une entreprise ne fait pas sens. Elle se sent engagée par sa fonction dans des systèmes beaucoup plus larges que la compagnie dans laquelle elle travaille. Si nécessaire, elle fait ce qu’il faut pour modifier son entreprise, et si elle n’y arrive pas, elle se retire psychologiquement ou physiquement.