Ma vie intérieure, celle de ma conscience, est bien plus importante que ma vie extérieure en contact avec d’autres car je suis de retour en enfer, en France, où les relations sociales sont souvent un calvaire. Je reviens de 13 jours au Burkina Faso où j’ai rencontré des êtres humains tels que je les imagine: respectueux des autres, bienveillants, ouverts… Un pur plaisir après les longs mois de solitude. En Afrique, la plupart des gens ne connaissent pas ce monde ORANGE (Orange et le surplus de malheurs) qui crée tant de malheurs. Mais ils comprennent mes besoins car ils ont les mêmes.
Le 4 mars, j’avais accès à Internet, pouvais télécharger mes courriels, et parfois en envoyer à partir du site d’ORANGE, car les configurations ne fonctionnaient pas avec Thunderbird. J’ai ainsi réussi à fixer un rendez-vous rapide et court pour le samedi 6 mars avec mon petit frère de cœur qui venait du Niger pour me rencontrer également pour la première fois. Je suis arrivée de Ouagadougou, il était déjà arrivé. Mon autre frère le connaissait déjà, cela m’a permis de passer presque tout le temps seule avec lui et de découvrir un être aussi génial que j’aurais pu l’imaginer. Je n’en revenais pas de le voir assis à côté de moi, j’avais l’impression d’avoir retrouvé un frère que j’avais perdu trente ans auparavant. Je découvrais en lui une parenté d’âme qu’il ne m’avait jamais dévoilée à l’écrit. J’avais bien eu quelques soupçons d’être tombée sur quelqu’un de vraiment bien, mais cette profondeur dans ses paroles, je ne l’aurais jamais imaginée. C’était un moment de pur et d’intense bonheur.
Plusieurs jours plus tard, pendant l’un de nos trajets en voiture, mon petit frère était reparti depuis longtemps au Niger, nous étions en train de discuter, je me rappelle avoir dit en réponse à je ne sais plus quoi “c’est peut-être parce que je suis blanche…” et j’entends encore mon ami ou son frère dire “Mais toi, tu n’es pas blanche, tu as juste la peau blanche, tu es noire à l’intérieur”. C’était le plus beau des compliments qu’on ait pu me faire. Avoir grandi en conscience jusqu’aux cimes les plus élevées de la Spirale Dynamique pour revenir partager aux premiers niveaux d’existence, le POURPRE et le ROUGE, la conscience de l’Afrique me faisait jubiler intérieurement. J’en étais folle de joie, en plus après ce que je venais de vivre avec mon petit frère du Niger, c’était sublime. Et c’est pour cela que les Africains me comprennent et que les blancs me rejettent. Leur conservatisme, leur fixation sur l’ORANGE ou le BLEU est tellement loin de tout ce qui vient après en termes d’évolution qu’ils ne peuvent en général pas comprendre.
Je voyais récemment un reportage sur les débuts du Coran où on décrit que Mohamed qui vivait d’abord à La Mecque a dû partir à Médina, une autre ville, parce qu’il était persécuté par ses compatriotes là où il était. J’ai l’impression de vivre moi aussi une telle situation. Et puis, j’ai aussi vu la vie de Roberto Saviano qui a eu le courage de dénoncer la mafia en Italie et qui de ce fait ne peut plus vivre normalement, toujours sous protection policière. Il disait qu’il vivait comme dans une prison, qu’il en changeait régulièrement, mais que c’était une prison tout de même. C’est pareil pour moi. Je peux sortir, mais c’est tout de même une prison ici car ceux que j’aime ne sont pas ici. Lorsqu’on se situe à TURQUOISE–CORAIL, pour certaines choses, on n’a plus d’amis, on a des sympathisants, des disciples, des frères et soeurs, mais pas d’amis sur lesquels on peut vraiment compter. Si CORAIL se développe avant que la planète ne soit détruite par l’égoïsme, on trouvera sans doute des amis. Aujourd’hui, les amis en ORANGE sont si loin de mes propres préoccupations et tellement obnubilés par l’argent que les amitiés se délitent à la vitesse de la lumière.
Ma situation actuelle: le piège Gamma
Lorsque l’on franchit un valmème, comme dans mon cas, de JAUNE en TURQUOISE et de TURQUOISE en CORAIL, on passe par diverses étapes qui sont Alpha, Bêta, Gamma, Delta, puis à nouveau Alpha qui est un état stabilisé. En ce qui me concerne, le test psychologique au début de ma formation a révélé, ce que je savais bien du reste, que je suis profondément entrée dans le Gamma, un état de colère, de manque d’espoir et de révolution. “Si les choses vont suffisamment mal, l’entité (organisation ou personne) descend de Bêta à Gamma. Et là, on est fait comme un rat en raison de barrières qui semblent infranchissables. Il y a en Gamma une vision claire de comment sont les choses mauvaises, que la perception soit correcte ou pas, il produit un vrai sens pour savoir ce qui n’a pas marché et pourquoi.”
Avant de sombrer dans Gamma, voire une fois qu’on y est, il y a une option de réforme. Mais “voir l’option de réforme requiert en général que quelqu’un vous ramène vers le bas et vous le montre. En fait, prendre le chemin de la réforme requiert une volonté de pro-agir plutôt que de réagir, un engagement sincère à prendre quelques risques et d’avoir l’énergie de se détourner d’un chemin glissant et d’avancer à travers champs. La plupart des gens attendent que le prochain pont soit construit, et alors il est trop tard, car ils tombent dans le piège Gamma.”
J’ai toujours pris des risques, couru à travers champs, agi plutôt que réagi, mais rien n’y fit. Mon pont, ce sont les relations humaines que je peux tisser avec d’autres. En France, plus précisément en Alsace, les gens mènent une guerre sociale contre moi, je vis dans l’exclusion pour délit de conscience. Je n’ai pas le droit de dire ce que me dicte ma conscience et ma pensée si je veux être acceptée. C’est absurde et j’en suis bien consciente.
“Un Gamma profond est une période très difficile car une partie de la perception est que l’intéressée n’a pratiquement aucun pouvoir pour changer les choses“. Je suis dans cette situation, mais les nassaras, les blancs comme on dit au Burkina, n’en ont que faire. “Souvent le système de valmèmes est lui-même la barrière. La personne sait trop pour son propre bien.” Ce problème est bien le mien, alors je fais quoi, je coupe un quart de ma cervelle pour savoir moins???
“Les émotions qu’occasionnent les frustrations et la confusion de Bêta libèrent une colère profonde et de l’hostilité en Gamma. Même revenir au passé n’a plus de sens. Imaginez-vous dans le coffre d’une voiture, impossible de vous libérer. Personne ne peut entendre vos cris désespérés pour de l’aide. Il n’y a plus d’espace pour respirer. Pouvez-vous ressentir la panique, la peur? Vous vivez sur des montagnes russes émotionnelles. Il y a des tentatives effrénées d’en sortir, de trouver de simples moments de paix dans un monde chaotique et chancelant. La patience de Bêta du “attendons, nous verrons bien” ou “espérons que les choses se passent bien” est remplacée par des demandes impatientes d’actions et des actions maintenant, tout de suite. Il n’y a plus rien à perdre.”
Alpha, c’est le chemin vers le bien-être. Mais pour moi, on me l’a refusé, ce sont les autres, les égoïstes, qui m’ont fait entrer dans la phase Gamma. “On ne peut plus aller en arrière, mais on ne peut pas non plus avancer. C’est ainsi dans le piège Gamma. Toute l’énergie disponible est concentrée pour exister au jour le jour. La nuit apporte des moments de réflexion et de désespoir. L’aube n’éveille que des instincts de survie primitifs – fuir ou se battre. Mais quel bonheur y a-t-il pour une mouche de voler en plein dans une flamme?” C’est tout à fait ma question! Quel bonheur aurais-je à soutenir un SYSTEME absurde? Aucun, absolument aucun, une frustration sans fin.
“Quel en est le sens? Oublier le futur. Au diable le passé. Les autres n’ont qu’à s’occuper d’eux-mêmes.” Je n’arrive pas à raisonner ainsi. Même dans l’exclusion depuis 10 ans, ma pensée va d’abord aux plus faibles. La souffrance pénètre dans la profondeur de l’âme. C’est parce que je pense que les blancs sont déjà en grande partie déshumanisés qu’ils ne ressentent plus rien et qu’ils sont mêmes capables de vous répondre qu’ils n’ont pas à s’occuper de vos problèmes alors qu’ils sont directement à l’origine de ces problèmes!