Dans leur livre sur la Spirale Dynamique, les auteurs français écrivent: « Il y a plusieurs manières de considérer les relations humaines tant au niveau personnel que sociétal. L’unilatéralisme consiste à prendre ses décisions et à agir seul, sans jamais consulter les autres, ni chercher leur soutien. Le multiculturalisme admet la diversité des idées, des personnes et des cultures, mais simplement comme une juxtaposition d’éléments hétérogènes. » Un unilatéralisme pluriel, comme l’avait appelé le sociologue allemand, Ulrich Beck.
Mes observations de la relation humaine me laissent à penser que nous sommes dans un bilatéralisme multiculturel. Car les décisions prises par les êtres humains, qu’elles le soient dans l’unilatéralisme ou dans le multiculturalisme, elles ont d’abord toujours des conséquences, sur soi, mais plus souvent sur les autres, car nous vivons dans un monde interdépendant de relation aux autres, même sans les voir, ni les connaître.
La pluralité des idées est ainsi une nécessité, mais aussi une chance. Si nous en étions plus conscients et lui donnions plus de chances, Manon, portugaise, et d’origine française, et spiritiste, et altermondialiste, et adepte du polyamour, et escrimeuse en amateur, n’aurait pas besoin de faire le tri dans ses différentes facettes de son identité et de cacher les unes pour avoir le droit d’appartenir aux autres.
« L’acceptation et la prise en compte de la complexité des êtres sont un enjeu majeur pour ce début du XXIe siècle. Il en va de notre paix intérieure et de la survie du monde. La simple cohabitation des cultures et des systèmes de valeurs n’est pas une réponse appropriée aux souffrances que causent leurs différences. Il s’agit d’aller au-delà en comprenant les divergences comme les complémentarités, en percevant les évolutions nécessaires et possibles et en sachant comment interagir avec toutes les composantes de l’humanité. »
Depuis que j’ai étudié les effets de la concurrence sur le bonheur national et personnel, j’ai toujours favorisé la coopération qui, seule, est porteuse de progrès social, éthique, écologique et personnel. Il faut avoir des valeurs authentiquement JAUNE ou TURQUOISE saines, pas seulement de façade pour pouvoir atteindre le niveau d’un être humain vrai comme il est dépeint dans le livre « Conversations avec Dieu » de Neale Donald Walsch. Certains l’appellent « homo durabilis », cela ne me plaît pas trop vu ce que les industriels ont fait du terme « durable », une destruction qui dure pour leur seul profit! Je l’appelle « homo conscientia », un être dirigé par sa conscience en lien direct avec sa Divinité.
Lorsque l’on franchit un valmème, comme dans mon cas, de Jaune en Turquoise ou de Turquoise en Corail, on passe par diverses étapes qui sont Alpha, Bêta, Gamma, Delta, puis à nouveau Alpha qui est un état stabilisé. En ce qui me concerne, le test psychologique au début de ma formation a révélé, ce que je savais du reste, que je suis profondément entrée dans le Gamma, un état de colère, de manque d’espoir et de révolution. « Si les choses vont suffisamment mal, l’entité (organisation ou personne) descend de Bêta à Gamma. Et là, on est fait comme un rat en raison de barrières qui semblent infranchissables. Il y a en Gamma une vision claire de comment sont les choses mauvaises, que la perception soit correcte ou pas, il produit un vrai sens pour savoir ce qui n’a pas marché et pourquoi. »
Avant de sombrer dans Gamma, voire une fois qu’on y est, il y a une option de réforme. Mais « voir l’option de réforme requiert en général que quelqu’un vous ramène vers le bas et vous le montre. En fait, prendre le chemin de la réforme requiert une volonté de pro-agir plutôt que de réagir ((dans mon cas ne plus lutter contre le système, mais le quitter et construire quelque chose de tout nouveau ailleurs, mais avec d’autres. Mais où sont ces autres?)), un engagement sincère à prendre quelques risques et d’avoir l’énergie de se détourner d’un chemin glissant et d’avancer à travers champs ((c’est le cas de le dire avec 4 ha de champs au Sénégal)). La plupart des gens attendent que le prochain pont soit construit, et alors il est trop tard, car ils tombent dans le piège Gamma. »
J’ai toujours pris des risques, couru à travers champs, agi et réagi, mais rien n’y fit. Mon pont, ce sont les relations humaines que je peux tisser avec d’autres, mais ils ne veulent pas. En France, plus précisément en Alsace, les gens mènent une guerre sociale contre moi, je vis dans l’exclusion pour délit de conscience. Je n’ai pas le droit de dire ce que me dicte ma conscience et ma pensée si je veux être acceptée. C’est absurde et j’en suis bien consciente.
« Un Gamma profond est une période très difficile car une partie de la perception est que l’intéressée n’a pratiquement aucun pouvoir pour changer les choses ». Je suis dans cette situation, mais les nassaras, les blancs comme on dit au Burkina, n’en ont que faire. « Souvent le système de valmèmes ((les couleurs de la Spirale)) est lui-même la barrière. La personne sait trop pour son propre bien. » Ce problème est bien le mien, alors je fais quoi, je coupe un quart de ma cervelle pour savoir moins???
« Les émotions qu’occasionnent les frustrations et la confusion de Bêta libèrent une colère profonde et de l’hostilité en Gamma ((tout à fait ma situation)). Même revenir au passé n’a plus de sens ((oui, je ne le supporte pas de revenir en arrière)). Imaginez-vous dans le coffre d’une voiture, impossible de vous libérer. Personne ne peut entendre vos cris désespérés pour de l’aide. Il n’y a plus d’espace pour respirer. Pouvez-vous ressentir la panique, la peur? Vous vivez sur des montagnes russes émotionnelles. Il y a des tentatives effrénées d’en sortir, de trouver de simples moments de paix dans un monde chaotique et chancelant ((oui juste un peu de répit, de paix)). La patience de Bêta du « attendons, nous verrons bien » ou « espérons que les choses se passent bien » ((la situation de la plupart des gens autour de moi)) est remplacée par des demandes impatientes d’actions et des actions maintenant, tout de suite. Il n’y a plus rien à perdre. » ((Oui, je suis tellement impatiente que les choses avancent que je n’ai pas hésité à écrire un blog de suicide. »
Alpha, c’est le chemin vers le bien-être. Mais pour moi, on me l’a refusé, ce sont les autres, les égoïstes, qui m’ont fait entrer dans la phase Gamma. « On ne peut plus aller en arrière, mais on ne peut pas non plus avancer. C’est ainsi dans le piège Gamma. Toute l’énergie disponible est concentrée pour exister au jour le jour. ((Oui, je suis dans la survie, comme sur une corde raide avec le gouffre juste en-dessous.)) La nuit apporte des moments de réflexion et de désespoir. L’aube n’éveille que des instincts de survie primitifs – fuir ou se battre. Mais quel bonheur y a-t-il pour une mouche de voler en plein dans une flamme? » C’est tout à fait ma question! Quel bonheur aurais-je à soutenir un SYSTÈME absurde? Aucun, absolument aucun, une frustration sans fin.
« Quel en est le sens? Oublier le futur. Au diable le passé. Les autres n’ont qu’à s’occuper d’eux-mêmes. » Je n’arrive pas à raisonner ainsi. Même dans l’exclusion depuis 10 ans, ma pensée va d’abord aux plus faibles de tous, les Africains. La souffrance pénètre dans la profondeur de l’âme. C’est parce que je pense que les blancs sont déjà en grande partie déshumanisés qu’ils ne ressentent plus rien et qu’ils sont mêmes capables de vous répondre qu’ils n’ont pas à s’occuper de vos problèmes alors qu’ils sont directement à l’origine de ces problèmes!
« Malgré l’inconfort qu’il cause pour celui qui le vit et son entourage, le creux Gamma semble inévitable. Il est même bénéfique en ce qu’il donne la certitude que la seule solution est bien le passage au niveau suivant. Toutefois, un accompagnement approprié par des parents, des managers, des coachs, des thérapeutes, des travailleurs sociaux ou des hommes politiques permet de le rendre moins intense et plus court. » Je n’ai plus qu’une seule amie que je vois une fois par semaine ou toutes les deux semaines, c’est absolument insuffisant pour sortir du creux Gamma. Aucune des personnes citées ne me procure l’aide dont j’ai besoin! Merci la France.
Depuis de longues années, je suis sur Internet et même sans réseau social dédié, je me suis créé des relations duales avec des milliers de personnes et elles avec moi. J’ai beaucoup appris et beaucoup évolué depuis mon début sur la toile. Une des rencontres majeures dans ma vie aura été celle avec la Spirale Dynamique. Je ne sais plus où et comment je suis tombée sur le livre du couple Chabreuil « La Spirale Dynamique – Comprendre comment les hommes s’organisent et pourquoi ils changent » dont je transcris ici quelques extraits afin d’inciter le lecteur à s’intéresser au sujet. Car trop peu de personnes connaissent cet outil précieux.
« Dans un monde ouvert où circulent sans cesse personnes et informations, notre épanouissement et nos accomplissements dépendent de plus en plus de notre capacité à comprendre les cultures et les systèmes de valeur des autres, parents, enfants, collègues, clients, amis, entreprises…
Quelles sont les valeurs qui animent les sociétés humaines et les personnes? D’où viennent-elles? Pourquoi s’opposent-elles parfois? Quels nouveaux systèmes sont en cours d’émergence? Pourquoi les rejetons-nous ou au contraire y adhérons-nous? Issue de plus de trente-cinq ans de recherches scientifiques, la Spirale Dynamique répond à ces questions que nous nous posons.
La Spirale Dynamique permet aux individus de mieux s’accepter dans leur diversité et leur évolution, aux familles de mieux apprécier leurs différences, aux entreprises de manager le changement en élargissant leur perspective aux valeurs culturelles et personnelles, et aux animateurs de la vie sociale de trouver des solutions prenant en compte une approche multi-critères des situations. »
« La Spirale Dynamique ne demande qu’à sortir des pages d’un blog, d’un livre ou d’une formation pour entrer concrètement dans votre vie. En utilisant pratiquement sa grille d’explication de l’évolution de la psyché humaine, vous avez un effet positif sur votre vie privée et professionnelle.
A titre personnel, la Spirale Dynamique permet de mieux se connaître et se comprendre, de saisir les vraies raisons des comportements de sa famille et de ses proches, et de mieux interpréter le fonctionnement global du monde. Il en résulte un surcroît d’humanité par l’apaisement qui vient de la réconciliation profonde avec soi et avec les autres. A tous les niveaux, la communication devient plus fluide, plus respectueuse et plus efficace.
A titre professionnel, la Spirale Dynamique améliore directement vos compétences en tant que communicateur, animateur, manager, conseil… Quelle que soit votre fonction dans une organisation, elle vous aide à mieux gérer la complexité des relations humaines et à aider chacun à se connecter à ses motivations. »
« La pluralité, une nécessité et une chance
Il y a plusieurs manières de considérer les relations humaines tant qu niveau personnel que sociétal. L’unilatéralisme consiste à prendre ses décisions et à agir seul, sans jamais consulter les autres, ni chercher leur soutien. Le multiculturalisme admet la diversité des idées, des personnes et des cultures, mais simplement comme une juxtaposition d’éléments hétérogènes. Pour reprendre les mots du sociologue allemand Ulrich Beck, le multiculturalisme n’est qu’un « unilatéralisme pluriel ». Il s’agit d’appartenir à un groupe homogène qui défend l’identité. Le cosmopolitisme, lui, ne nie pas l’appartenance à une culture, mais la fait se rencontrer avec toutes les autres dans une acceptation sincère de la pluralité. Ainsi chacun peut se définir dans sa diversité: Ivanna est française, et d’origine russe, et bouddhiste, et homosexuelle, et astronome, et judoka amateur, etc., sans qu’elle ait à faire un tri dans les différentes facettes de son identité, sans qu’elle soit obligée d’en nier ou d’en cacher une pour avoir le droit d’appartenir à une autre.
L’acceptation et la prise en compte de la complexité des êtres sont un enjeu majeur pour ce début du 21e siècle. Il en va de notre paix intérieure et de la survie du monde. La simple cohabitation des cultures et des systèmes de valeurs n’est pas une réponse appropriée aux souffrances que causent leurs différences. Il s’agit d’aller au-delà en comprenant les divergences comme les complémentarités, en percevant les évolutions nécessaires et possibles et en sachant comment interagir avec toutes les composantes de l’humanité.
Sur ce plan, les travaux de Clare W. Graves sont un trésor inestimable. Il n’a été ni le premier, ni le dernier à essayer de cartographier l’évolution des individus ou des sociétés, mais la Spirale Dynamique est le plus complet de ces systèmes. Compatible avec les approches de bien d’autres chercheurs comme avec les niveaux de développement moral de Kohlberg, les cycles d’Erik Erikson ou les styles de pensée de Harrison & Bramson, il les inclut et les transcende dans la carte la plus complète connue à ce jour. Avec elle, nous pouvons avoir une vision plus holistique de nous-mêmes et du monde, et agir avec plus de pertinence à tous les niveaux de notre existence. Si vous vous saisissez de cet outil et l’intégrez dans votre vie, vous le trouverez porteur d’espérance. »
« La France est multicolore, et individus, gouvernement, associations et entreprises doivent intégrer cette diversité ». Tout comme moi, mais à un tout autre niveau « le pays traverse un gros creux Gamma. Les éléments BLEU sont forcés de passer en ORANGE pour survivre dans un monde globalisé; beaucoup de secteurs ORANGE en découvrent les problèmes et ont commencé la transition vers VERT. Cela explique un certain pessimisme ambiant. Beaucoup ont fait le constat du recul causé par le creux Gamma et ont parlé de déclin de la France. » Il est à souhaiter que les dirigeants intègrent la Spirale dans leur travail et leur vie pour que ce creux ne soit que passager et précède un Delta qui mènera vers les niveaux de valeurs suivants.
En POURPRE, le monde est mystérieux et effrayant, rempli d’esprits avec lesquels il vaut mieux s’entendre. On constitue donc des groupes unis et solidaires pour assurer la sécurité. Les anciens sont dépositaires du savoir et des rites qui sont indispensables pour le maintien des traditions qui garantissent la sécurité.
Après être sorti de BEIGE pour entrer en POURPRE, le sentiment d’appartenance à une tribu, un clan est au cœur de l’existence. Sans lui, l’être humain est perdu, sans la sécurité qu’apporte le groupe, il n’y a non seulement pas de survie possible, mais la vie elle-même n’a aucun sens.
La notion de temps permet de comprendre les liens entre cause et effets. Mais quand il ne trouve pas d’explication à ce qui se passe, quand il ne connaît pas la cause d’un événement, il suppose la présence d’un esprit qui l’a provoqué. ((La main invisible du marché?)) Et comme beaucoup de choses lui échappent, il se tourne vers des croyances animistes, il y a des dieux partout: dans les plantes, les rochers, les montagnes, le vent, les animaux. Et il développe des rites et des tabous qu’il faut respecter. Et ce savoir, ce sont les anciens qui le maintiennent. L’être humain est le fruit d’une lignée et d’une tradition. C’est en gardant le contact avec ce passé et avec les gens qui sont de son sang qu’il peut se sentir un peu rassuré.
Parmi tous les esprits qui peuplent le monde, ceux des ancêtres ont une importance particulière. Au Ghana, il existe un groupe religieux qui pratique le culte des ancêtres, leur jour de fête, ils sont habillés de blanc, la couleur de la mort en Afrique et pratiquent des rituels d’appartenance pendant toute la journée. Ces rites permettent le contact avec les esprits protecteurs des ancêtres. Lors d’une fête entre étudiants dans les années 80, avant de commencer le repas, une jeune sénégalaise s’est levée pour aller jeter quelques petits morceaux de viande dans un coin du jardin en disant « c’est pour les ancêtres ».
Le futur est encore loin pour POURPRE, il ne pense pas en grands projets d’avenir, le monde est trop instable et complexe pour que cela lui semble possible. Quoi qu’il arrive, la sécurité c’est de maintenir les traditions, faire comme on a toujours fait. Celui qui s’oppose aux traditions, qui transgresse les tabous ou qui ne respecte pas les lieux sacrés doit être chassé car il met en péril le groupe tout entier, aussi bien au niveau physique que dans le monde que nous avons en tête.
Le thème central de POURPRE, c’est sacrifier le soi aux désirs des anciens et aux coutumes des ancêtres
Le thème central de TURQUOISE, c’est sacrifier si nécessaire le soi et celui des autres pour le bien de toute vie présente et à venir
Selon les tests que j’ai effectués pour ma première formation en Spirale Dynamique mais surtout suite à ce que j’ai examiné dans ma propre vie, je constate que pour beaucoup de gens en Occident, le monde est toujours mystérieux et effrayant, non pas rempli d’esprits mais de la main invisible avec laquelle il vaut mieux s’entendre, ce que le capitalisme arrive à très bien faire, surtout en haut, pour s’entraider en se refilant les contrats juteux. Aujourd’hui, c’est la soi-disant « élite » qui est dépositaire du savoir et des rites qui sont indispensables au maintien du turbo-capitalisme qui garantissent leur enrichissement.
En Turquoise, on se sent attaqué par les côtés négatifs très dominants de ORANGE, BLEU et ROUGE, on éprouve donc tout naturellement le sentiment d’appartenance à une tribu ou un clan, ce qui peut même devenir le cœur de l’existence lorsque l’on est exclu pour crime d’humanisme. En effet, sans ce groupe de soutien, Turquoise est perdu, il n’y a pas de survie possible, et la vie elle-même n’a pas de sens. ((Suite à la publication de ce paragraphe sur un ancien blog, j’ai reçu un commentaire d’un formateur en Spirale Dynamique auquel je reviendrai par la suite)).
Les liens de cause à effet que l’on découvre en POURPRE ne sont toujours pas arrivés chez tout le monde aujourd’hui. Le citoyen électeur de nos jours, non formé en économie ni en politique, ne comprend pas ce qui se passe dans les sociétés, et comme en POURPRE, comme il ne connaît pas la cause de la décadence des économies, il suppose la présence d’un esprit qui l’a provoqué, la main invisible du marché ! Et comme beaucoup de choses lui échappent, il se tourne vers des croyances animistes, il y a des dieux partout que sont l’argent, la consommation, les plaisirs futiles. Et il développe des rites et des tabous qu’il faut respecter: les grands-messes de la consommation, les championnats de football, les jeux olympiques, les courses automobiles. En POURPRE, c’est en gardant le contact avec le passé que les gens peuvent se sentir un peu rassurés, aujourd’hui, c’est en gardant le contact avec ceux qu’ils pensent être la majorité, en faisant comme les autres, ne jamais se poser de question, ne rien remettre en question, que les gens se sentent un peu rassurés.
Comparons maintenant les côtés négatifs de POURPRE et TURQUOISE
Expressions malsaines Pourpre • Ceux de l’extérieur ne sont pas considérés comme des ‘hommes’
• Vulnérable aux influences extérieures
• Ne s’adapte pas rapidement• Querelles trop longtemps maintenues, rancunier
• Népotisme, discrimination, préjudice, racisme
Expressions malsaines Turquoise • Crée des groupes tribaux rivaux globaux ou des groupes religieux
• Évite les relations où les autres dominent
• Excessivement mystique et déconnecté du monde réel
• Perd la vue de la vision globale• Séduit par le statut et le pouvoir dans des forums globaux
Nous pouvons voir que pour POURPRE, ceux qui ne font pas partie du groupe, ne sont pas considérés, au niveau TURQUOISE, on crée des groupes rivaux pour se séparer des autres qui vous entourent. Dans les deux cas, on regarde de l’intérieur vers l’extérieur.
POURPRE est vulnérable aux influences extérieures, TURQUOISE aussi puisqu’il ne supporte pas la domination de l’extérieur.
POURPRE ne s’adapte pas rapidement, ne s’intègre donc pas, TURQUOISE se déconnecte du monde réel, devient excessivement mystique, il ne s’intègre donc pas non plus.
POURPRE maintient les querelles ancestrales, n’arrive donc pas à faire la paix avec d’autres, l’expression malsaine de TURQUOISE est de perdre la vue de la vision globale, donc ne pas être en paix avec l’ensemble de la planète, du cosmos.
Les côtés négatifs de POURPRE discriminent en se conférant un statut supérieur aux autres, chez TURQUOISE on se confère un statut supérieur par le statut et le pouvoir dans des forums globaux.
On peut donc vraiment retrouver sous une autre forme en TURQUOISE ce que nous avons déjà vécu en POURPRE. Voyons maintenant ce que cela donne au niveau des expressions saines.
Expressions saines Pourpre • Chance accrue de survivre, sécurité• Participation directe
• Liens internes socio-émotionnels forts• Respect envers les anciens et les ancêtres
• Rites de passage augmentant la solidarité
Expressions saines Turquoise • Objectif: le bien-être des gens, centré sur le monde
• Harmoniser les systèmes sociaux
• Travail en réseau sur toute la hauteur de la Spirale
• Le Moi est conscient, le tout est spirituel
• Vue Gaïa: la terre est un seul écosystème
• Révérence et respect de l’ordre cosmique
Les expressions saines de POURPRE, c’est quand on a de grandes chances de survivre et d’être en sécurité, c’est le bien-être physique, au niveau TURQUOISE il est question du bien-être de l’esprit à la pensée globalisée.
POURPRE favorise la participation directe à la vie comme évolution positive de l’être humain, TURQUOISE doit rattraper les dégradations sociales qui se sont opérées après la phase de sortie de POURPRE et jusqu’à l’entrée en TURQUOISE qui doit harmoniser les systèmes sociaux.
Au niveau POURPRE, on a des liens internes socio-émotionnels forts au niveau du clan et de la tribu, ceci revient au niveau TURQUOISE, mais au niveau planétaire et donc en contact avec des personnes sur toute la hauteur de la Spirale.
En POURPRE, les gens tirent leur identité du respect envers les anciens et les ancêtres, quelque chose qu’ils donnent de leur intérieur en reconnaissant une autorité supérieure, celle des anciens et des ancêtres, au niveau TURQUOISE, les gens tirent leur identité du fond d’eux-mêmes, du Moi en reconnaissant une autorité supérieure spirituelle.
POURPRE favorise les rites de passage pour accroître la solidarité envers les membres, chez TURQUOISE, on pourrait dire que les gens ont des rites de protection de l’environnement (recyclage des déchets une fois par mois) qui regroupent les gens autour d’une même idée, la protection de la Terre et de son unique écosystème.
Quelqu’un qui est donc aussi avancé sur la Spirale qu’au niveau TURQUOISE, qui recherche des alliés en France parmi les blancs et n’en trouve pas, ne peut donc que se tourner vers un village africain où POURPRE est encore dominant pour s’installer et y faire son travail de coopération au bien-être mutuel, traditionnellement plus connu sous le terme coopération au développement.
BEIGE est la couleur de l’instinct, on se bat toujours pour une seule chose : survivre, automatiquement, comme un réflexe. Les besoins humains doivent être satisfaits : manger, boire, dormir, éventuellement se reproduire. Les pensées tournent toujours autour des mêmes choses, où trouver à manger, où dormir la nuit sans se faire chasser alors que l’on vient de s’endormir. Mon corps me dit ce que je dois faire, mes instincts me dictent quand je dois fuir ou me faire tout petit.
« Une conscience du Moi ? C’est quoi ce truc ? Non, je n’ai pas étudié la philo. J’étais ouvrier quand mon poste a été muté en Asie et je suis resté ici. J’avais une femme et deux filles, mais au chômage pendant des années, elles m’ont quitté. Je ne pouvais plus payer le loyer, et mes amis se sont détournés de moi. Ils ne voulaient pas entendre parler de mes problèmes alors qu’ils sont à l’origine même de ces problèmes. C’est ainsi que j’ai atterri dans la rue. Mais j’ai besoin d’amis, du moins de co-combattants sinon on ne peut pas survivre dans la jungle des villes. »
Il y a des dizaines de milliers d’années BEIGE était le valmème de l’avant-garde puisqu’il n’y avait rien avant. L’être humain en BEIGE est le premier humain sur la Spirale. Il a des avantages par rapport aux singes et aux autres vertébrés. Il vit maintenant dans des sociétés de collecte, dans les sociétés d’aujourd’hui on peut voir cela aux caddies remplis de sachets en plastique vides ou remplis de bricoles inutiles que le clochard pousse devant lui et pour lequel il se battrait à mort car c’est la seule richesse de l’homme moderne en BEIGE.
En BEIGE, il n’y a que peu de sentiments. Il n’y a pas d’énergie superflue pour se sortir soi-même de la la boue, les seules forces disponibles sont utilisées pour la survie. La morale n’existe pas encore à ce niveau d’évolution ou elle a disparu dans les méandres des problèmes plus urgents. Même la compréhension du temps et de l’espace ne compte pas puisque l’on est constamment en train de changer de place ou de fuir.
BEIGE est la première étape vers la complexité de la pensée de l’Homme d’aujourd’hui, en quelque sorte c’était le nourrisson de la pensée. Étant donné que l’on répond sans réfléchir à ses besoins de faim et de soif, il est impératif, quand on a des petits enfants autour de soi, de veiller à tenir éloignés d’eux toute bouteille d’alcool ou de produit de nettoyage et tout médicament susceptible d’être avalé, car lorsqu’ils ont faim ou soif, ils avalent tout ce qu’ils trouvent.
Mis à part les nouveaux-nés qui traversent assez rapidement cette période et les personnes qui ont des dommages cérébraux qui restent indéfiniment à ce stade, on trouve BEIGE aujourd’hui principalement chez les sans-abris, les victimes de grosses famines et de guerres, de pauvreté extrême ainsi que des suites négatives de valmèmes plus complexes de la société, qui tirent temps et argent vers eux et qui créent le manque chez BEIGE.
Comment se comporter avec des personnes en BEIGE ? Le mieux serait de les appréhender avec chaleur humaine, empathie, douceur. Souvent, ces personnes ne sont même plus capables de demander de l’aide, il faut la leur donner. Si un BEIGE fort est relativement rigide, il faudrait instaurer un système de soins, les médicaments et l’alimentation doivent être administrés, il ne suffit pas de les offrir.
Afin de passer de BEIGE à POURPRE, il faut que les besoins de base soient satisfaits et que l’on ne se retrouve plus en lutte continue tous les jours. De nouvelles connexions neuronales se forment dans le cerveau qui laissent apparaître une prise de conscience claire du « je, moi et moi-même ». Passer en quelque sorte du stade de famine au stade du camp de réfugiés. Dans la mesure où plus de temps est disponible maintenant, on commence à réfléchir au pourquoi de certaines choses, on commence à faire des observations directes et à en tirer des conclusions pour relier cause et effet. Tout le reste, ce qu’on ne comprend pas, est lié à la « magie » qui a son grand jour en POURPRE.
BEIGE était un valmème centré sur le Moi sous contrôle extérieur, POURPRE sera un valmème centré sur le Nous avec un contrôle intérieur.
Pour un pouvoir monétatif: La création monétaire dans les mains d’un pouvoir public indépendant
Les crises financières du passé tout récent prennent leurs racines dans notre système monétaire. Il émet des crédits en excédent et encourage de cette manière les bulles spéculatives, ainsi que l’inflation et le surendettement massif de nombreux participants. Les marchés financiers et l’économie réelle ne peuvent fonctionner que sur la base d’un système monétaire stable et juste. C’est pourquoi, nous demandons:
1. Le rétablissement de l’apanage de la création monétaire à la nation
2. La cessation de toute création monétaire par les banques
3. La mise en circulation de tout argent créé sans dettes via les dépenses publiques
L’argent gouverne le monde. Mais qui gouverne l’argent ?
Tout le monde utilise l’argent, mais la manière de fonctionner du système monétaire demeure aussi nébuleux que les termes ’système bancaire à réserve fractionnelle’ ou ’création de monnaie multiple’. Ceci est dans l’intérêt des banques, qui se sont appropriées la création monétaire. Pour l’essentiel les banques centrales mettent en circulation l’argent en espèces, qui ne constitue que 5-15 % de la masse monétaire. 80-95% de l’argent existant est créé par les banques en accordant des crédits. Cet argent existe et circule sous la forme des avoirs sur les comptes courants auprès les banques commerciales.
Dernièrement, une grande partie de l’argent créé a servi à des opérations financières de plus en plus spéculatives et découplées des besoins de l’économie réelle. La bourse et les cycles conjoncturels sont poussés à l’extrême par la création de monnaie bancaire hors de tout contrôle – maniaquement excessive en haute conjoncture et période de hausse, et hésitante et dépressive dans les crises d’endettement suivantes. Lorsque les banques font faillite, ce sont toujours les avoirs des clients qui sont en jeu. Si ceux-ci sont sous garantie bancaire étatique, l’État privatise les profits des banques et fond les pertes dans la communauté.
Les banques ne sont pas tenues de remplir des objectifs économiques globaux, ni même des objectifs sociaux. D’avoir abandonné aux banques la création monétaire, activité porteuse en elle-même de nombreuses conséquences importantes, représente un faux développement du système entier. L’ordre monétaire représente une question fondamentale au même niveau que la constitution. Le fait d’utiliser la création monétaire pour faire des affaires est une activité dysfonctionnelle portant préjudice à la communauté.
Nationalisation de l’argent mais pas des banques
Toute monnaie ne devrait être créée que par un organisme public indépendant. Dans l’Union monétaire européenne, ce rôle est assumé par la Banque centrale européenne et les banques nationales des membres de l’Union. La banque centrale doit devenir définitivement le quatrième pouvoir de l’État, le Pouvoir Monétatif, aux côtés des Pouvoirs Législatif et Exécutif, et de la Justice. Dans sa politique monétaire la banque centrale doit rester indépendante, tout comme les tribunaux dans leur juridiction. Dans un tel régime financier, les devises complémentaires locales ou les systèmes de compensation de type coopérative peuvent y trouver leur place.
Les gains provenant de la création monétaire – le seigneuriage – doivent être entièrement destinés au Trésor Public et non pas aux banques sous la forme de profits supplémentaires immérités. C’est pourquoi l’argent nouvellement créé doit être remis sans intérêts aux gouvernements, lesquels le remet en circulation via les dépenses publiques. Dans les années passées, le montant du seigneuriage échappé au Trésor Public s’élevait à un ordre de grandeur autour de 200-350 milliards d’euros par an dans l’Union monétaire européenne. Même s’il agissait des montants ‘exubérants’, la moitié correspond toujours à environ 1,5% du PIB. Ceci permettrait de couvrir 3% du budget public total.
La réforme envisagée pour la création monétaire est simple: Les avoirs sur les comptes courants des banques commerciales doivent être transformés en moyen de paiement légal, comme le sont actuellement les billets et les pièces. Seul le système des banques centrales publiques – la Monétative – est autorisé de créer ces moyens de paiement. De cette manière, l’argent sur les comptes bancaires se voit attribuer le même rôle que les billets de banque il y a 100-150 ans: les billets de banque privés ont alors été remplacés par les billets des banques centrales. Aujourd’hui, il s’agit de transformer l’argent créé par les banques commerciales, instable et lié à des dettes, en argent pleinement valable créé, sans dettes, par les banques centrales en tant que Pouvoir Monétatif. Tout argent serait ainsi émis par l’État, pas seulement les 5-15% de la masse monétaire en espèces (billets et pièces), comme c’est le cas actuellement.
Les banques d’affaires privées et publiques peuvent continuer toutes leurs activités financières dans les limites fixées par les lois, mais elles ne peuvent plus créer ou démonétiser d’argent. Elles ne vont effectuer des opérations financières qu’avec l’argent obtenu comme revenu ou à titre de prêt sur le marché interbancaire ou par les clients, et qui existe en liquidité dans leur tiroir-caisse ou sur leur compte de banque centrale.
L’arrêt de la création de monnaie par les banques peut se faire de manière simple: en détachant les comptes courants des clients du bilan de la banque et en les gérant séparément.
Un ordre monétaire dans l’intérêt public
L’argent deviendrait ainsi sûr puisque les avoirs des comptes ne pourraient plus disparaître en cas d’insolvabilité. L’arrêt de la création monétaire commerciale imposerait des limites à l’expansion excessive ainsi que à la décroissance déficiente de l’offre monétaire. L’argent resterait en circulation, les cycles de conjoncture et de la bourse se dérouleraient de manière plus modérée. La création de monnaie inflationniste des banques commerciales serait remplacée par un régime du pouvoir monétatif dans lequel la Banque Centrale aurait le contrôle absolu de la masse monétaire. La Banque Centrale peut ainsi éviter l’inflation des prix des biens et des actifs en contrôlant la quantité d’argent circulant en accord avec le potentiel de développement économique réel. Le seigneuriage, les gains obtenus par l’émission de la monnaie, seraient entièrement reversés au Trésor Public.
Remarque: pourquoi nous le classons en VERT? Parce qu’il est encore basé sur le fait qu’on arrivera un jour à un consensus nécessaire autour de la question de l’argent. Après étude de la Spirale, on se rend compte qu’il n’en est rien, de Beige à Vert, ils ont tous encore en tête l’idée d’avoir LA SOLUTION aux problèmes de l’humanité. Et à partir de JAUNE, on sait que chacun a ses raisons d’être là où il est, l’important étant que la Spirale soit équilibrée, que les côtés sains et malsains de chaque valmème, donc de chaque circonvolution de la Spirale soit en équilibre;
Mais au moins ce manifeste du site monetative.de a l’avantage de faire progresser la discussion et donc l’évolution globale.
Son thème est sacrifier le soi maintenant pour obtenir maintenant l’harmonie pour soi et pour les autres, ici et maintenant comme on entend si souvent dans ce valmème.
Comme tous les autres niveaux d’existence, ORANGE n’est ni bon, ni mauvais en soi, ou plutôt il est potentiellement l’un et l’autre. En s’appuyant sur la technologie, ORANGE a donné à une partie de l’humanité une puissance inimaginable. Cette force a permis de réaliser des accomplissements extraordinaires, mais en même temps, elle a fait des dégâts considérables sur tous les plans. Mondialement, la pollution et l’effet de serre font s’interroger sur la survie même de l’espèce humaine. Socialement, même si le niveau de vie de tous a globalement augmenté, les inégalités se sont accrues. Humainement, la dureté des relations entre les personnes crée un sentiment de solitude que la consommation tous azimuts augmente sensiblement. Philosophiquement et spirituellement, l’absence de réelles valeurs morales génère un désarroi et une sensation de vide. Pour corriger la superficialité de ORANGE, l’être humain passe en VERT en se tournant vers le monde des émotions positives et des relations.
L’intensité de l’impact de ORANGE a une autre conséquence. L’accélération de l’émergence des nouveaux systèmes de valeur, évidente depuis le début de la Spirale Dynamique, fait que la durée de vie de ORANGE est courte et que les personnes qui « inventent » VERT ont souvent connu des sociétés basées sur les deux valmèmes précédents. Ainsi VERT est conscient à la fois des limites de BLEU et de celles de ORANGE. Il accepte donc le sacrifice de soi qu’implique un niveau d’existence collectif, mais il veut en toucher les dividendes tout de suite sous forme de relations harmonieuses avec les autres, voire même « affectueuses » selon le terme de Clare Graves. Il reste donc en VERT un certain narcissisme et une intolérance à la frustration directement hérités de ORANGE.
Le rejet de BLEU a aussi pour conséquence un refus de tout ce qui peut être perçu comme un dogme. Par suite, la pensée de VERT est relativiste: toutes les idées se valent, chaque personne a des choses pertinentes à dire sur touts les sujets, la notion de vérité n’existe pas.
Cela implique que personne ne peut imposer un point de vue à un individu dominé par VERT et donc que toute décision doit être prise par consensus. Pour l’atteindre, une première phase consiste dans l’expression de la position de chacun et notamment de son ressenti émotionnel face à la situation; ne pas exprimer ses émotions serait perçu comme une méfiance vis à vis de la communauté et donc provoquerait le rejet. Ensuite, tout ayant été mis sur la table, une discussion sincère peut parvenir à un choix unanime. Même si VERT étudie intellectuellement toutes les possibilités, la décision finale est prise sur des caractères émotionnels et tient compte de toutes les sensibilités. Ces deux étapes prennent le temps nécessaire pour qu’elles aboutissent au résultat souhaité. Contrairement à son prédécesseur, VERT n’est pas pressé, la qualité étant plus importante que la quantité.
Ainsi se crée un sens fort de la communauté, basée ni sur la réciprocité comme en POURPRE, ni sur une croyance commune comme en BLEU, mais sur un lien personnel entre tous ses membres. Le contact régulier et amical est le ciment du groupe, même si, grâce aux conditions de vie du XXIe siècle, il n’implique par forcément une présence physique. ((Mon expérience avec l’Afrique me montre que pour moi, cela fonctionne ainsi, mais pour eux qui sont au niveau POURPRE souvent en ce qui concerne le lien, la présence physique est nécessaire sinon l’autre est plus ou moins oublié et il n’y a pas de ciment de groupe transnational. Et du coup, comme mes amis africains ne fonctionnent pas ainsi, je retombe aussi au niveau de Pourpre à la recherche de liens dans la réalité.))
VERT s’indigne du rejet des autres par BLEU et des injustices générées par ORANGE. Il considère que la Terre est l’habitat commun de l’humanité et que ses ressources appartiennent à tous. Pour la première fois, on passe d’une perception du monde ethnocentrique, égocentrique ou sociocentrique à un début de vision humanocentrique, selon le terme de Ken Wilber. Début seulement, car VERT fait une nette distinction entre sa communauté et les autres. Il faudra attendre JAUNE et surtout TURQUOISE pour que les problèmes globaux de l’humanité soient réellement pris en compte.
Disparue en ORANGE, la culpabilité fait son retour lors de l’émergence de VERT. Elle est cependant différente. Il ne s’agit plus de culpabiliser individuellement pour avoir mal fait, mais collectivement pour avoir transgressé les valeurs importantes pour le valmème. Une personne en VERT peut par exemple se sentir coupable parce qu’elle vit dans une société d’abondance alors qu’une bonne partie de la population a faim. ((« Vous les blancs, vous vivez sur le dos des noirs. »))Elle peut même se sentir coupable d’actes commis par sa communauté dans le passé.
La sociogenèse de VERT
Apparu au début du XXe siècle, VERT peut encore être considéré comme un valmème en cours d’émergence, et aucune société ne l’incarne aujourd’hui complètement.
Comme pour ORANGE, le mouvement vers le même VERT a commencé sur le plan intellectuel. Les philosophes français qui ont inspiré les courants postmoderne et post-structuraliste, Michel Foucault, Jean-François Lyotard et Jacques Derrida notamment, se caractérisent par un rejet du rationalisme, du matérialisme et de l’idéalisme. Ils critiquent la soi-disant vocation universaliste de la philosophie et rejettent l’historicisme. Bien qu’ils s’en défendent, ils ont été considérés par leurs adversaires comme relativistes, voire comme se livrant à un abandon nihiliste du sens. Des mouvements parallèles existent en architecture, en littérature, en peinture, etc.
VERT s’est développé aussi dans un certain nombre d’entreprises où apparaissent des formes de management privilégiant l’échange et le partage considérés comme prioritaires par rapport aux critères économiques. VERT apparaît aussi dans certaines petites structures sociales. Et en politique, VERT imprègne les social-démocraties de l’Europe du Nord, Suède surtout, Danemark, Norvège, Finlande. Ces États sont marqués par une politique, une pratique et une attitude. Politiquement, ce sont des États providence multiculturels et laïcs, protégeant l’environnement et les droits de l’homme, encourageant une économie sociale de marché, privilégiant le commerce équitable, et voulant faire profiter tous les citoyens d’un service public efficace au moyen d’une imposition forte et progressive. Ils pratiquent systématiquement la concertation et la recherche de compromis. Enfin, ils manifestent une grande tolérance sur la plupart des sujets de société (avortement, droit des homosexuels, utilisation des drogues, etc.).
VERT dans les sociétés actuelles
Avec environ 10% de la population humaine centrée à ce niveau d’existence, VERT est encore marginal. Nous sommes donc dans sa phase de sociogenèse, et ce que nous avons dit dans la section précédente décrit l’état actuel du valmème. Toutefois les signes de son développement se multiplient dans les sociétés aujourd’hui dominées par ORANGE. En France, les créatifs culturels positionnés dans la transition entre ORANGE et VERT, représenteraient 17% de la population. La campagne présidentielle de 2007 a vu, pour la première fois, l’apparition de thèmes de campagne directement liés à VERT.
Aux États-Unis, dans les États où BLEU est le plus faible, les indicateurs de la transition vers le valmème VERT sont nombreux. Un exemple sont les 160 référendums d’initiative populaire organisés en Californie.
Pendant ce temps, les valmèmes précédents résistent. POURPRE et ROUGE ne sont même pas conscients de l’apparition de VERT. BLEU y voit une menace mortelle, la notion de Vérité Ultime déjà mise à mal par ORANGE étant encore plus contestée par VERT. Par exemple, la première homélie prononcée par le pape Benoît XVI après son élection identifiait l’adversaire: « Le relativisme, autrement dit le fait de se laisser porter de-ci de-là par n’importe quel vent de doctrine apparaît comme l’unique attitude à la hauteur de l’époque d’aujourd’hui. Il se crée une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien de définitif et qui laisse comme mesure ultime seulement l’ego et ses désirs ».
De son côté, ORANGE est persuadé que le système est non viable parce qu’inefficace, alors que les exemples abondent de réussites de VERT. Nous avons déjà cité sur le plan économique de Gore & Associés, et on peut rajouter aux expérimentations sociales déjà mentionnées une mesure prise aux Pays-Bas, dans certaines communes où toute forme de signalisation routière a été supprimée.
Il existe comme cela une multitude de règles et de normes que les personnes positionnées avant VERT croient indispensables, et que ce dernier s’empressera de supprimer et de remplacer par une simple prise en compte respectueuse des autres.
La psychogenèse de VERT
Dans les pays dans lesquels VERT est fort, le valmème commence à émerger dès le début de l’âge adulte. Il faut dire que l’environnement social et notamment le système scolaire y préparent les jeunes dès l’enfance.
Dans les pays culminant en ORANGE ou avant sur la Spirale Dynamique, il n’y a pas de constante sur les éléments qui font basculer une personne vers le valmème VERT, ni sur l’âge auquel cela se produit. Chaque individu peut voir ses conditions de vie évoluer d’une manière particulière et réagit en conséquence. Cependant, la multiplication du discours médiatique sur les problèmes environnementaux et sur l’accroissement des inégalités fait que ce changement a lieu de plus en plus souvent et de plus en plus tôt. Les cas les plus fréquents sont toutefois le passage vers la quarantaine, la fameuse crise des 40 ans, ou au jeune âge adulte comme dans les pays centrés sur VERT.
Vivre avec des individus en VERT
Communiquer avec une personne positionnée en VERT nécessite une approche à la fois individuelle et collective. Individuellement, il s’agit de l’écouter et surtout de s’intéresser à ses émotions par rapport à la situation. Puis comme pour tout valmème collectif, il est nécessaire, directement ou par son intermédiaire, de convaincre toute sa communauté. Un discours respectueux de toutes les sensibilités est indispensable: VERT pratique et apprécie le politiquement correct. Toute tentative de prendre le pouvoir, d’accélérer le mouvement, de jouer personnel ou de vouloir dresser les uns contre les autres aboutit à une rupture immédiate de la relation.
C’est dire que les entreprises actuelles, pour la plupart centrées en BLEU et/ou ORANGE ne savent plus manager VERT qu’elles ne savaient gérer POURPRE ou ROUGE. Elles considèrent avec stupeur les membres de ce que les sociologues ont appelé la génération X.
Les personnes centrées en VERT veulent être managées, comme elles veulent apprendre et comme elles veulent vivre, dans un processus de groupe fondé sur l’acceptation et la reconnaissance mutuelles, l’échange et la coopération.
Résumé
Le monde et ses ressources sont communs à toute l’humanité.
L’homme doit être libéré des dogmes et de l’exploitation.
L’exploration de la vie intérieure et l’appartenance à une communauté sont prioritaires.
En France, et non seulement ici, les conflits incessants qui existent entre les personnes ne sont pas dus à des différences d’âge, mais à des différences de cultures. A chaque niveau d’existence, de BEIGE à VERT, chacun pense détenir la Vérité et qu’elle est valable pour toute la Spirale. C’est ainsi que fonctionne le système politique, quand le président dit qu’il représente tous les français, lui aussi fonctionne donc ainsi, à moins que cela soit de la manipulation pure et simple, ce qui est plus que probable également. Le BLEU de la Spirale pense que ce qu’il dit, ce qu’il fait est bon pour tout le monde, mais c’est d’ailleurs valable pour tous les valmèmes avant Jaune.
Comme pour tous les autres niveaux d’existence, BLEU a son thème. Il s’agit de sacrifier le soi maintenant pour obtenir une récompense plus tard. C’est le chemin que suit un croyant sérieux. En observant la société, on voit bien qu’il n’y a plus beaucoup de croyants sérieux et que même là où se fait le travail social, humanitaire, écologique, ce sont bien souvent des athées et autres non croyants qui font le travail.
Lorsque l’on est en BLEU, on est sorti de ROUGE, on a subi un quatrième réveil, on a constaté que la satisfaction égocentrique de ses besoins ou de ses envies se transforme en risque constant de violence et de vie chaotique. Quand on ne le supporte plus, c’est à dire que les côtés négatifs de ROUGE dépassent largement les côtés positifs de ROUGE, certaines personnes évoluent, changent, cherchent une réponse au niveau de BLEU, une solution pour structurer leur vie personnelle et celle de la société. Une Vérité absolue et ultime semble être la réponse tant attendue. Ce que j’avais tant entendu au Sénégal et avec les musulmans « C’est Allah qui l’a voulu ainsi », c’est exactement ici que cela se passe. La Vérité Ultime a un contrôle absolu sur toutes les réalités de l’existence, ceci est donc particulièrement incompréhensible pour des personnes situées plus avant sur la Spirale Dynamique. « Il n’y a pas de hasard; tout ce qui se produit dans le monde est la conséquence de Sa volonté. Dès lors, il serait folie de s’opposer à Elle, et la plus grande gloire devient l’obéissance à Ses consignes. »
« Devant Dieu, nous sommes tous égaux » dit le jeune pèlerin de Palestine à La Mecque, mais dès que les pèlerins retournent à la vie normale, les guéguerres recommencent. Car de BEIGE à VERT, tout le monde pense détenir la seule et unique Vérité Ultime, mais ce n’est que sa vérité absolue qui est souvent à l’opposé de celle de l’autre, tout aussi convaincu du bien-fondé de ses pensées. Et déjà c’est la bagarre, car les gens n’ont pas appris à discuter avec des arguments, mais avec les sentiments!
En BLEU, les gens sont poussés à se contrôler et à ressentir de la culpabilité s’ils ne suivent pas les règles de la Vérité Ultime puisque des fautes, ils en commettent tous les jours. Ceux qui font le mal en connaissance de cause doivent être punis. Beaucoup de personnes âgées réagissent ainsi, sans se demander d’où vient toute cette violence. Le niveau BLEU est le premier niveau où apparaît la morale, la culpabilité, le pardon, les notions de bien et de mal qui revêtent une très grande importance. Et quand on détient la Vérité Ultime, on ne peut laisser les autres dans l’erreur, on essaye alors de les ramener dans son groupe, par la force ou par l’exemple.
« La Vérité Ultime ne pouvant pas commettre d’erreur, dans une société dominée par BLEU, chacun est à la place où il doit être. Le puissant est puissant parce qu’Elle l’a voulu ainsi, le riche est riche parce qu’Elle a considéré qu’il le méritait, le pauvre est pauvre parce qu’Elle en a décidé ainsi, etc. Ceux qui sont au sommet de la pyramide sociale y sont parce qu’Elle l’a bien voulu, et cela implique pour eux des devoirs: ils sont les représentants de la Vérité Ultime et, plus que les autres encore, ils doivent la suivre et la défendre. Les autres obéissent et font ce qu’on leur demande.
Tout ceci nécessite de la part de chaque individu un effort réel sur soi, un sacrifice dont il est convaincu qu’il lui vaudra une récompense donnée par la Vérité Ultime. Selon les manifestations de BLEU, cette reconnaissance de ses mérites sera obtenue plus tard dans la vie, après la mort, après plusieurs réincarnations et/ou par les générations futures. En ROUGE, c’est mourir qui devait avoir une valeur: mourir en héros laisse un souvenir impérissable dans les mémoires. En BLEU, c’est la vie tout entière qui donne sens à la mort: il est possible de mourir en paix si on a vécu en homme de bien. »
La sociogenèse de BLEU
« L’humanité ROUGE a déjà un impact plus fort sur le monde que ses prédécesseurs, et il ne faudra que quatre millénaires pour que le besoin d’un nouveau niveau d’existence se fasse sentir. La satisfaction impulsive des besoins crée une insécurité et une imprévisibilité difficiles à vivre. De plus, la structure de la société et la chaîne de commandement qu’elle implique limitent la taille des empires ROUGE. Ceux qui vivent aux confins de l’empire ne peuvent pas prendre de décisions sans le consentement du pouvoir central, et les technologies disponibles ne permettent pas d’avoir ces informations suffisamment vite pour agir efficacement: c’est ainsi que parmi les nombreuses causes de la chute de l’Empire romain, on cite souvent la lenteur des communications entre le centre et les provinces.
En fait, BLEU est apparu bien avant Rome, il y a probablement six mille ans. Le début du niveau d’existence coïncide avec l’apparition de l’architecture, des villes et de l’écriture, qui seule permet de noter et de faire respecter un ensemble de règles complexes. Cette dernière naît à Sumer où déjà le dieu An juge les criminels, et son fils Enlil dirige l’humanité grâce aux tablettes du destin. Cependant la première très grande civilisation qui incarne le valmème est l’Égypte ancienne.
BLEU donne ensuite naissance, aux alentours du 6e siècle avant Jésus-Christ, aux monothéismes et aux grandes philosophies et religions qui dominent encore aujourd’hui la spiritualité mondiale: le judaïsme apparaît vers 550 avant Jésus-Christ lors de l’exil à Babylone, Bouddha, Confucius et Lao-Tseu vivent approximativement à la même époque. Les monothéismes plus tardifs (christianisme, islam, sikhisme, bahaïsme) ont ces premiers pour source. Ce sont ces spiritualités qui vont permettre le développement des plus puissantes et plus durables civilisations BLEU.
Il serait toutefois inexact de n’imaginer que des incarnations religieuses ou spirituelles de BLEU. Même s’il a existé une mystique nazie à laquelle il n’est pas certain qu’Hitler ait adhéré, le national-socialisme avec sa promesse d’un « Reich de mille ans » était une approche centrée sur ce niveau de la Spirale Dynamique. Le communisme promet une société sans classe et sans État dans laquelle chacun participe selon ses moyens et obtient selon ses besoins; ce paradis à venir nécessite toutefois le sacrifice temporaire de la révolutionnaire dictature du prolétariat. »
BLEU aujourd’hui
Avec 30% de la population mondiale centrée à ce niveau (selon Don Beck et Christopher Cowan), ce pourcentage est le même que pour ORANGE. Le monde est donc dominé par BLEU et ORANGE. Et surtout par ses côtés négatifs, ce qui fait que j’ai peu d’espoir pour sauver l’humanité. Vous combinez cela à une attitude bloquée ou fermée et c’est l’une des plus grandes catastrophes du monde.
Dans l’Express, je suis tombée un jour sur un article sur le pouvoir des protestants et catholiques à Strasbourg. En Alsace et dans le département de la Moselle, suite au passage ici des Allemands pendant quelques décennies du siècle passé, l’Église et l’État ne sont pas séparés, une région très conservatrice, l’enfer pour une rebelle comme moi. Mais c’est ce conservatisme suranné qui fait que l’Alsace, à l’exclusion des grandes villes, vote toujours à droite et que le respect des diversités des citoyens est une totale illusion ici.
BLEU chez l’être humain
L’évolution humaine commence avec BEIGE, et à partir de trois ans, mais plutôt vers cinq ou six ans, l’enfant entame une nouvelle phase de son développement caractérisée par l’intégration de règles et la définition de limites, c’est l’étape du Surmoi selon les psychanalystes. « Cette étape est celle de l’élaboration d’une structure morale de la psyché avec la découverte des concepts de bien et de mal; parallèlement, l’enfant accepte les notions de récompense et de punition. Un ensemble de lois idéalisées est assimilées à partir des modèles que constituent les parents et des structures sociales comme la crèche ou l’école et en fonction de leur efficacité à provoquer un satisfecit et à éviter un châtiment de la part d’autrui.
Faute de capacités cognitives suffisantes, jusqu’à l’âge d’environ neuf ou dix ans, les règles sont considérées comme intangibles. Elles ne peuvent être modifiées et s’appliquent à tous. C’est la période où l’enfant fait la morale à ses parents et leur reproche leur façon de conduire, les pousse à cesser de fumer, etc. Il respecte l’autorité, parfois plus celle de la télévision ou de l’instituteur que celle des parents.
Cette phase est un des grands derniers moments délicats pour les parents, car une fois passé BLEU, l’éducation des enfants est faite plus par leurs pairs, l’école ou la société que par les parents eux-mêmes. Mais cette phase comporte trois pièges principaux. D’abord BLEU ne doit pas démarrer trop tôt. Cela empêcherait la mise en place saine du niveau ROUGE et de l’indispensable sens de soi. Ensuite, il s’agit de trouver un équilibre entre le trop et le trop peu. Trop de règles trop rigides, c’est le sacrifice exagéré du soi. L’enfant est obligé à l’excès de refouler ou de dissimuler certaines attitudes et d’en forcer ou amplifier d’autres. Il en résulte des souffrances psychologiques personnelles et un faux respect d’autrui générateur de problèmes de communication. A l’inverse, une absence d’interdits ne construirait pas un être libre, mais un adulte esclave de ses pulsions et durablement coincé en ROUGE avec tous les risques personnels et sociaux que cela implique. Enfin, les parents peuvent accompagner la sortie de BLEU afin de permettre la meilleure individuation possible de l’enfant. Trop tôt, cela le déstabiliserait inutilement par manque des repères nécessaires à l’équilibre de la personnalité. Trop tard, cela ne ferait que produire un manque de valorisation de soi et/ou créer des frustrations qui aggraveraient la crise de l’adolescence et son retour temporaire en ROUGE. »
Vivre avec des personnes en BLEU
Avec un individu de mes connaissances dominé par BLEU, moi par JAUNE, nous sommes donc fréquemment en opposition, mais curieusement tout aussi fréquemment en bonne entente. Je suis passée par une phase BLEU, je comprends pourquoi il pense ce qu’il pense, mais de son côté, il n’a jamais été en JAUNE, donc très souvent, il est choqué de ce que je dis, il considère mes paroles comme une provocation et une mise en danger de l’ordre social. Quand je vois qu’il est bloqué dans ses pensées, j’arrête toute discussion sur le sujet, car je sais qu’il n’a pas les oreilles pour écouter. Il ne connaît et n’accepte alors que sa vérité et tout le reste est mauvais.
« Chaque individu étant à sa place et étant investi de la mission appropriée à ladite place, il ne faut pas compter le convaincre aisément de prendre une initiative. Pour qu’une personne agisse, il faut d’abord qu’elle soit persuadée que ce qu’elle va faire est conforme à la Vérité Ultime et ne lui vaudra donc pas de reproches. Ensuite, il s’agit que l’action entreprise soit de sa responsabilité, et non pas de celle de son supérieur hiérarchique ou de quelqu’un d’autre: il ne serait pas bien de faire autre chose que la tâche qui a été assignée. Communication ou nouvelle directive, il importe de suivre la structure hiérarchique de l’organisation concernée.
Par contre, une fois qu’une personne centrée sur BLEU sait qu’elle doit accomplir quelque chose au nom de la Vérité Ultime, elle le fait contre vents et marées.
La contrepartie négative est une rigidité et un certain immobilisme qui deviennent difficilement tolérables pour les niveaux d’existence suivants.
Dans l’état actuel de développement de l’humanité, aucune société passée par BLEU ne s’en est totalement libérée. Même si de nombreuses règles ont été supprimées dans les pays culminants en VERT et les rares organisations situées au-delà, il est toujours resté un socle de règles BLEU structurant la vie sociale et répondant à un besoin d’ordre et de sens qui doit être traité dans tous les contextes. »
La plupart des personnes salariées dans les entreprises dans le monde occidental se situent sur les niveaux d’existence (BLEU, ORANGE et de plus en plus VERT). Les dirigeants ont l’habitude de traiter avec de telles personnes. Parfois, néanmoins, un dirigeant se voit confronté à des personnes d’un niveau d’existence inférieur ou supérieur et alors ses méthodes habituelles ne font plus recette, nous dit Graves.
Les personnes sur le niveau ROUGE (égocentrique) sont trouvées souvent dans des zones appauvries. Ces personnes affichent le minimum de capacité pour fonctionner dans un monde industriel complexe. Lorsqu’un travail est disponible, ils ne posent pas leur candidature. S’ils reçoivent un emploi, ils ne se présentent pas au travail ou ils démissionnent rapidement. Pendant qu’ils sont au poste, leurs habitudes sont si irrégulières que peu de travail correct est réalisé. Les managers exaspérés considèrent ces personnes comme « non employables ». Les entreprises les classent « précaires paresseux ».
Pour un Gravesien, les personnes du valmème ROUGE sont employables, mais elles doivent être gérées d’une manière spéciale. La théorie de Graves nous enseigne que les individus en ROUGE sont poussés primordialement par le besoin de résoudre des problèmes immédiats de survie. En appliquant la théorie, un manager gravesien arrangerait les situations de travail de telle sorte que les besoins immédiats de survie de l’individu ne soient pas menacés et lui fournirait du travail qui puisse être appris presque instantanément.
Le manager changerait également les exigences de recrutement de telle sorte qu’elles n’iraient pas effrayer un individu positionné en ROUGE. Le manager gravesien simplifierait et accélérerait par exemple le traitement des candidatures de telle sorte que les individus sachent au bout de quelques minutes s’ils sont pris ou non, et s’ils reçoivent une réponse négative, ils seraient immédiatement envoyés vers un lieu où ils pourraient trouver du travail. Il s’assurerait également que les individus en ROUGE ne soient pas supervisés par des managers suffisants et charitables.
L’individu profondément précaire vit dans un monde d’immédiateté, dit Graves. Il doit souvent payer pour tout ce qu’il reçoit, et en raison de ses réactions immédiates aux crises auxquelles il doit faire face, il peut avoir un problème d’absences fréquentes. Pour contrer ces problèmes, un membre de l’entreprise peut être désigné pour gérer un fonds d’urgence pour aider la personne en ROUGE à traverser des périodes difficiles.
A l’opposé, les dirigeants doivent également traiter avec un autre groupe d’individus qu’ils trouvent particulièrement perturbateurs, les personnes centrées en JAUNE et TURQUOISE. Ironiquement, ce sont les personnes les plus compétentes qui pourraient résoudre presque tous leurs problèmes. Elles ont le savoir nécessaire pour augmenter la productivité dans l’entreprise, mais ils sont souvent empêchés d’améliorer la productivité par de vieilles politiques, des pratiques stupides, des procédures démodées et des styles de gestion inappropriés.
Les individus en JAUNE et TURQUOISE veulent de l’autonomie, la liberté de faire leur travail de la manière qu’ils savent le faire. Lorsque la direction attend d’une telle personne qu’elle demande la personne avant d’appliquer un changement qu’elle considère nécessaire, elle réprime ce que l’autre pourrait contribuer.
Les canaux sacrés de la communication sont un frein sérieux à la productivité de personnes en JAUNE qui veulent avoir la maîtrise de décider quand elles savent ce qui est à faire. Lorsque le JAUNE ne sait pas, il est motivé pour rechercher de l’assistance chez celui qui sait. Mais la motivation d’un employé devient négative quand il doit perdre son temps à suivre des canaux de communication qui exigent de lui qu’il explique ce qui n’a pas besoin d’être expliqué ((parce que l’autre le sait ou parce qu’il n’a pas besoin de le savoir)).
Le travailleur en JAUNE réagit négativement quand il doit demander l’autorisation à un administratif pour utiliser du matériel afin d’être productif. Il réagit positivement s’il peut dire à son supérieur ce dont il a besoin pour faire le travail, et si ce dernier considère que c’est précisément son travail à lui de faire ce que le subordonné lui demande. L’employé en JAUNE est convaincu que c’est lui — et non un supérieur — qui devrait prendre une décision à chaque fois qu’il est compétent pour le faire — et la plupart des travailleurs en JAUNE savent que leurs supérieurs ne sont pas compétents pour prendre les décisions.
Les individus qui opèrent au niveau de l’Être sont typiquement compétents, peu importe leur environnement. Ainsi leur productivité n’est pas fonction de récompenses provenant d’un niveau inférieur.
Les menaces et la coercition ne fonctionnent pas avec eux, car ils ne sont pas des gens peureux. Au-delà d’un certain point, les motifs pécuniaires ne les affectent plus. Le statut et les symboles de prestige tels que les titres ronflants à la mode, les flatteries, la taille du bureau, des tapis de luxe, etc. ne les motivent plus. Beaucoup d’entre eux ne sont même pas poussés par un besoin de reconnaissance sociale. Ce qui est important pour eux, c’est d’être autonomes dans l’exercice de leurs compétences: c’est d’avoir le plus de liberté possible pour faire ce qui doit être fait du mieux qu’ils peuvent. En d’autres termes, ils veulent que les managers les laissent améliorer la productivité de la manière dont ils savent qu’elle peut être améliorée. Ils ne veulent pas gaspiller leurs compétences en faisant les choses telles que le management le veut juste parce que ça a toujours été ainsi.
Les individus en JAUNE sont en augmentation, dit Graves. Ils ont besoin de faire leur propre gestion de leur propre travail et de leurs propres affaires. Leurs procédures doivent être les leurs, non pas celles des traditions ou que des groupes de décideurs ont établies. Lorsque les JAUNE sont autonomes et correctement couplés à un travail qui utilise leurs compétences, on peut s’attendre à une productivité maximale pour eux.
Un employé en TURQUOISE ne résiste pas à la coercition et aux restrictions d’une manière aussi flamboyante que le fait le type JAUNE, mais il évitera toute relation dans laquelle d’autres essaieraient de le dominer. On doit l’approcher, selon Graves, par le management de l’acceptation — un management qui le prend tel qu’il est et qui le soutient dans ce qu’il veut faire. C’est inutile, dit Graves, de pousser un employé à subordonner ses désirs à ceux de l’entreprise. Au contraire, l’entreprise doit harmoniser avec lui. S’il ne peut obtenir l’acceptation qu’il veut, un employé centré en TURQUOISE commencera tranquillement à construire un monde pour lui-même et non orienté à l’entreprise, puis commencera à s’y retirer. Il fera un travail passable, mais en rien excellent. S’il n’y a pas de changement au niveau du management et qu’il ne peut aller ailleurs, il travaillera à la dérobée à ce qui est important pour lui en construisant un mur contre le management.
Réunis au sein de groupes flexibles et souples au niveau mondial, ces Experts sont les personnes qui peuvent encore aujourd’hui apporter des solutions là où rien ne va plus et qui, nous pouvons l’observer tous les jours, sont plus que nécessaires.
5. Les Experts de la Spirale possèdent toute une gamme de ressources, de stratégies et d’aptitudes
Les Experts de la Spirale portent plusieurs casquettes différentes et peuvent jouer des rôles bien différents. Tout comme ils peuvent s’adapter à des mondes différents, ils peuvent adapter leurs styles, être sensibles quand c’est approprié, et agressifs quand c’est nécessaire, même tout quitter si leurs propres intérêts et besoins les emmènent ailleurs. Ils ont très peu de frontières, de barrières pour restreindre leur pensée. Ils ne sont pas empêchés par les séparations artificielles imposées par les disciplines, les domaines de savoir, les territoires sacrés, les traditions restrictives ou les titres hiérarchiques dans une entreprise. Ils ont suffisamment de ressources pour expérimenter les nouveautés ou agir avec l’ordinaire. Les différences historiques en termes d’Église contre État, public et privé, d’un niveau de gouvernement face à un autre ou d’une catégorie de personnes face à une autre n’ont que peu d’importance.
« Qui a raison? » n’est pas aussi important que « De quoi la Spirale a-t-elle besoin? » Les compétences ont plus de valeur que la séniorité, le savoir est plus utile que le statut. L’esprit est libre d’apprendre tout ce qu’il veut de toute autre personne et de quelque manière que ce soit. Rien du passé n’est jeté à la poubelle et rien du futur n’est rejeté sans réflexion. En termes pratiques, la boîte à outils de l’Expert de la Spirale est remplie de toutes sortes de systèmes, structures et gadgets étant donné qu’ils doivent être bien équipés pour apporter la technologie appropriée ou le paquet « bonne gouvernance » pour chaque valmème.
Ils tirent leurs informations d’un sac rempli de techniques de prises de décision. Les Experts de la Spirale sélectionnent soigneusement les plus appropriées pour régler des problèmes sous divers aspects, se servant parfois de compromis, de négociations, d’autorité si nécessaire et de tout autre format complexe de résolutions de crises en fonction des besoins des valmèmes.
Ils sont également bien outillés pour naviguer entre les étages de changements et faciliter les passages vers d’autres. Ils sont préparés pour donner la main à ceux qui ont besoin d’être soutenus ou secouer ceux qui ont besoin de l’être. Leurs réponses seront données sur mesure pour chacune des personnes, chacun des valmèmes et la santé de la Spirale tout entière. Ils résistent à mettre tout le monde dans le même sac de formation et de développement étant donné que les valmèmes existent dans leur monde respectif qui requiert des paquets de formation adaptés à leurs besoins. En somme, ils agissent sur l’ensemble de l’organisme (personne, entreprise, société) pour le meilleur du bien commun et du bien-être personnel.
6. Les Experts de la Spirale sont des penseurs systémiques et des apporteurs de solutions intégrateurs
Les esprits des Experts de la Spirale sont configurés de telle sorte qu’ils paraissent souvent un peu étranges, en particulier pour toutes les personnes qui sont bloquées dans des valmèmes du 1er Plateau. En tant que penseurs systémiques, ils combinent une prise en compte des processus naturels des interconnexions fluides pour créer une compréhension holistique d’un problème, d’un événement ou d’une situation complexe. Ils rejettent les simples liens de cause à effet, les solutions de rafistolage cosmétique ou de se reposer sur des interventions artificielles. Ils cherchent au contraire le ou les véhicules qui ont occasionné l’embouteillage. Ils examinent et recherchent les points critiques de pression et les soupapes d’aération qui régulent le sang de vie de l’organisme. Ils détectent les déséquilibres et les liaisons difficiles qui, s’ils ne sont pas corrigés, vont conduire à des problèmes qu’aucune formation, aucun paquet d’incentives et qu’aucune discipline ne saura corriger.
Par exemple, les Experts de la Spirale voient rapidement pourquoi des programmes-qualité, des aventures de ré-ingénierie et des initiatives de marketing global ont tendance à ne pas marcher s’ils ont été dessinés par trop de personnes linéaires, systématisées, dominées par le cerveau gauche, et même par des penseurs stratégiques. On a besoin des compréhensions internes des Experts de la Spirale pour prendre en compte toute la gamme des émotions et des besoins humains ainsi que des relations entre valmèmes dans des paquets holistiques qui sont aussi bien « hightech » que « en lien ».
Comme des apporteurs de solutions d’intégration, ils fonctionnent comme des logiciels de réseau qui relient de nombreuses fonctions entre elles. Ils sont capables de mettre en réseau et de mobiliser une importante gamme de ressources et d’intelligences et ensuite de les focaliser, comme un rayon laser, sur un objectif précis. Par exemple, de nombreuses communautés locales se battent contre le crime, des gangs et une éducation inappropriée. Tout en se sentant profondément concernés, les églises, les écoles, le monde des affaires, la politique, la société civile, des agences d’aide et des citoyens privés continuent d’agir dans l’urgence, par petits bouts et de manière non coordonnée. Ils sont envahis par des batailles de territoires, des contraintes budgétaires et des égos surpuissants. En travaillant sur les conflits et déséquilibres de base des valmèmes, les Experts de la Spirale fournissent la perspective et les mécanismes pour amener tous les actionnaires sur la même page et à travailler dans la même direction. La Spirale constitue le principe unifiant, le tissu de connexions pareilles à une colle adhésive et un chemin commun que les parties diverses et divergentes peuvent suivre ensemble. Chacun peut alors contribuer au Grand Bien une fois que les processus de changement auront été mis en route.
7. Les Experts de la Spirale possèdent une gamme unique de croyances et valeurs personnelles
Les Experts de la Spirale mélangent les capacités du cerveau gauche et du cerveau droit étant donné qu’ils sont aussi bien des ingénieurs du valmème JAUNE que des mystiques du valmème TURQUOISE. Ils sentent aussi bien les particules que les ondes. Ils rêvent comme des poètes et planifient comme des programmeurs informatiques. Ils se complaisent dans des paradoxes qui permettent de résoudre des impasses entre des forces comme les droits individuels et les besoins communautaires ou croissance et développement contre qualité des priorités de la vie. Les yeux de leur esprit voient aussi bien les besoins locaux que globaux simultanément.
Vous trouverez des Experts de la Spirale dans tous les chemins de la vie, à tout niveau d’éducation et au-delà des niveaux dans les entreprises. Ils ont tendance à être pleins de ressources, sans peur, courageux, mais qui aiment aussi jouer, souvent invisibles lorsqu’ils entrent ou sortent de situations. Ce ne sont pas des gens meilleurs. Ils ne sont même pas nécessairement plus intelligents dans le sens commun du terme; ce sont tout simplement des esprits différents qui peuvent apporter beaucoup. Parfois ce sont des prophètes qui crient dans le désert. Parfois, ils sont calmes, des voix qui susurrent des mots d’encouragement et qui indiquent gentiment qu’il y a des chemins alternatifs et des solutions. Comme les Experts des anciens temps, ils ne sont pas toujours reconnus au cours de leur vie de travail. La reconnaissance peut venir bien plus tard ou par une autre génération.
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