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41-Notre vie sur la Spirale

Quand nous sommes nés, BEIGE domine la vie du nouveau-né à un moment où ses seules préoccupations semblent être de dormir, de profiter de la douceur du sein maternel et d’absorber la quantité nécessaire de lait. Cette phase est brève et on n’a que très peu d’informations sur elle autres que biologiques.

46-Notre vie sur la SpiraleDès l’âge d’un mois, le bébé quitte le statut de nouveau-né pour celui de nourrisson. C’est dès ce moment que POURPRE commence à apparaître. Peu à peu, il devient conscient de la présence ou de l’absence de sa mère, et il se met en place des premières relations de cause à effet : tel comportement provoque son retour et de la nourriture, de l’attention ou de l’affection. La coupure, même très temporaire, de ce lien est une source forte d’anxiété et généralement vers quatre mois, le bébé commence à utiliser un objet transitionnel, le fameux doudou ou la peluche qui l’accompagnera pendant une bonne partie de son enfance et jouera des rôles divers selon les niveaux de la Spirale Dynamique. L’objet traditionnel est investi d’un pouvoir symbolique et magique permettant d’assurer la sécurité.

Plus tard, vers douze ou quinze mois, le langage fait son apparition et au début, les termes employés sont souvent liés aux deux premiers niveaux d’existence et concernent le bien-être physique et la famille : dans toutes les cultures, « maman » est un des premiers mots dits par l’enfant.

POURPRE joue un rôle majeur dans toute la petite enfance où le nourrisson vit dans un monde magique. Les animaux parlent, et on peut échanger avec eux. Les contes dits le soir avant le sommeil sont un plaisir inépuisable, et peu importe si la même histoire est racontée des dizaines de fois.

Le sentiment de sécurité ou d’insécurité que l’enfant développe pendant cette phase POURPRE l’accompagne pendant toute sa vie. Selon les cas, il conserve les aspects positifs du valmème que sont le partage et l’attachement aux liens familiaux ou il en garde des aspects plus négatifs comme une certaine forme de crainte ou de superstition. En mettant l’enfant très jeune en crèche ou en nourrice et en multipliant les familles monoparentales ou recomposées, notre culture ORANGE crée souvent une perturbation de la mise en place de POURPRE malgré les efforts et les soins des parents : il n’est d’ailleurs pas étonnant qu’en compensation, c’est en ORANGE que sont apparus à la fois la thérapie, le coaching ou le développement personnel qui aident à corriger le problème, et de grandes industries de réactivation de POURPRE dont les productions Walt Disney sont sans doute le meilleur exemple.

Vers l’âge de deux ans, parfois plus tôt, le caractère de l’enfant change brusquement. Le plus doux des bambins devient un petit démon qui s’oppose à sa famille de toute son énergie. C’est la première grande crise de l’éducation que certains ont appelé la « petite adolescence ». L’enfant découvre le mot « non » et l’emploie dans toutes les situations et dans toutes les variantes : non au bain, non au repas, non au coucher, etc. Quand il veut quelque chose, il l’exige, quitte à le réclamer cinquante fois de suite et à se rouler par terre en hurlant dans une immense colère si les parents osent résister. Ce genre de crise est encore meilleure en public ; car elle est une démonstration de force pour l’enfant et qu’elle active bien souvent chez les parents la honte qui est un des moteurs de ROUGE. Quant aux règles familiales ou sociales existantes, elles sont faites pour être transgressées, et jeter des aliments, dessiner sur les murs et renverser l’eau du bain, en regardant les parents bien droit dans les yeux pour qu’ils comprennent bien la provocation, fait partie des joies de l’existence !

Le psychanalyste américain d’origine hongroise, René A. Spitz (1887-1974), a appelé cette période le stade du non et la considère comme le troisième indicateur du développement psychique de l’enfant1. Il estime que la capacité de s’obstiner que l’enfant développe alors est le fondement de la communication humaine. En disant non, l’enfant apprend à juger, à exercer sa volonté et s’affirmer en tant que personne. Étape cruciale du développement de l’enfant nécessitant, de la part des parents, un subtil sens de l’équilibre, ROUGE est le moment où se bâtissent confiance en soi et assertivité. Si l’enfant est laissé trop libre d’exprimer le valmème, il risque de conserver une agressivité excessive et un sentiment que tout lui est dû. Inversement, s’il est trop contraint, il peut manquer durablement de capacité de décider, de s’affirmer et de maintenir une frontière psychologique et/ou physique saine entre lui et les autres.

A partir de l’âge de trois ans au plus tôt, plus fréquemment vers cinq ou six ans, commence une nouvelle phase du développement de l’enfant caractérisé par l’intégration de règles et la définition de limites. Les psychanalystes parlent de définition du Surmoi. Cette étape est celle de l’élaboration d’une structure morale de la psyché avec la découverte des concepts de bien et de mal; parallèlement, l’enfant accepte les notions de récompense et de punition. Un ensemble de lois idéalisées est assimilé à partir des modèles que constituent les parents et des structures sociales comme la crèche ou l’école et en fonction de leur efficacité à provoquer un satisfecit et à éviter un châtiment de la part d’autrui.

Fautes de capacités cognitives suffisantes, jusqu’à l’âge d’environ neuf ou dix ans, les règles sont considérées comme intangibles. Elles ne peuvent être modifiées et s’appliquent à tous. C’est la période où l’enfant fait la morale à ses parents et leur reproche leur façon de se conduire, les pousse à cesser de fumer, etc. Il respecte l’autorité, parfois plus celle de la télévision ou de l’instituteur que celle des parents.

Cette phase est un des grands derniers moments délicats pour les parents2. Elle comporte trois pièges principaux. D’abord, BLEU ne doit pas démarrer trop tôt. Cela empêcherait la mise en place saine du niveau ROUGE et de l’indispensable sens de soi qu’il apporte. Ensuite, il s’agit de trouver un équilibre entre le trop et le trop peu. Trop de règles trop rigides, c’est le sacrifice exagéré du soi. L’enfant est obligé à l’excès de refouler ou de dissimuler certaines attitudes et d’en forcer ou amplifier d’autres. Il en résulte des souffrances psychologiques personnelles et un faux respect d’autrui générateur de problèmes de communication. A l’inverse, une absence d’interdits ne construirait pas un être libre, mais un adulte esclave de ses pulsions et durablement coincé en ROUGE avec tous les risques personnels et sociaux que cela implique. Enfin, les parents peuvent accompagner la sortie de BLEU afin de permettre la meilleure individuation possible de l’enfant. Trop tôt, cela le déstabiliserait inutilement par manque des repères nécessaires à l’équilibre de la personnalité ; trop tard, cela ne ferait que produire un manque de valorisation de soi et/ou créer des frustrations qui aggraveraient la crise de l’adolescence et son retour temporaire en ROUGE (nous y reviendrons dans le chapitre sur les états du changement).

Dans nos cultures occidentales, les valmèmes précédents se mettent en place à des âges semblables chez la plupart des enfants. Sans doute parce qu’il est très récent, ce n’est pas le cas pour ORANGE. Certes, celui-ci imprègne tellement nos sociétés que toute personne en a au moins des traces, mais il existe un nombre non négligeable d’individus qui ne culminent jamais à ce niveau et se stabilisent en BLEU, voire en ROUGE.

Le plus souvent, ORANGE commence à s’installer à partir de la crise de l’adolescence qui a été une contestation des règles familiales et sociales centrées en BLEU ou du premier job d’été qui apporte un peu d’autonomie ; il devient le niveau d’existence dominant au début de la vie active. Pour certaines personnes, c’est plus tard qu’a lieu ce changement.

La difficulté potentielle liée à ORANGE est de vouloir qu’il démarre trop tôt. La plupart des parents sont conscients de l’extrême compétition qui existe dans nos sociétés ORANGE, et ils souhaitent que leurs enfants y réussissent le mieux possible. Cela conduit certains d’entre eux à les pousser dans une série d’activités qui n’est pas compatible avec leur développement cognitif et psychologique.

Si en Chine, l’enseignement est gratuit et obligatoire, il existe, dès le primaire, des écoles privées fort coûteuses où l’enfant est assuré d’avoir les meilleurs professeurs, et d’être en relation avec les futurs dirigeants politiques et économiques du pays. Pour accéder à ces écoles, il faut réussir un concours d’entrée. Voici un exemple de question posée à des enfants de six ans : vue dans un miroir votre montre indique 1h15 ; quelle heure sera-t-il dans une heure trente ? Les enfants suivent donc des cours particuliers intensifs avant d’entrer au primaire, comme ils continueront à en suivre les années suivantes en plus des cours et pendant les vacances.

La Fastrackids Academy propose encore mieux : un ‘MBA précoce’ pour enfants de trois à six ans ! A raison de deux heures de cours chaque jour, samedis et dimanches inclus, les bambins participent à des enquêtes de marketing fictives et élaborent des stratégies publicitaires « afin de mieux comprendre leur impact économique au quotidien ». Ils utilisent une simulation informatique pour gérer une ferme de manière à rendre l’élevage des moutons le plus rentable possible. Il existe déjà cinq écoles de ce type en Chine, et neuf autres devraient ouvrir prochainement. Les parents sont nombreux à vouloir une place pour leurs enfants : 60% des Chinois des grandes villes dépensent un tiers de leurs revenus pour l’éducation de leurs enfants. Ils espèrent que de telles écoles permettront à leur progéniture de sortir du lot quand il s’agit de trouver un emploi.

Si on ne laisse pas chez un enfant le temps à BLEU de s’installer et de maîtriser les excès de ROUGE, il est illusoire de croire qu’il peut développer ORANGE. On n’obtient en fait chez lui qu’une variante de ROUGE et on le prépare à de graves difficultés d’intégration sociale.

Dans les pays dans lesquels VERT est fort, le valmème commence à émerger dès le début de l’âge adulte. Il faut dire que l’environnement social et notamment le système scolaire y prépare les jeunes dès l’enfance.

Dans les pays culminant en ORANGE ou avant sur la Spirale Dynamique, il n’y a pas de constante sur les éléments qui font basculer une personne vers VERT, ni sur l’âge auquel cela se produit. Chaque individu peut voir ses conditions de vie évoluer d’une manière particulière et réagit en conséquence. Cependant, la multiplication du discours médiatique sur les problèmes environnementaux et sur l’accroissement des inégalités fait que ce changement a lieu de plus en plus tôt. Les cas les plus fréquents sont toutefois le passage vers la quarantaine, la fameuse crise de la « middlescence« , ou au jeune âge adulte comme dans les pays centrés sur VERT :

Les jeunes diplômés sont de plus en plus nombreux à chercher à travailler dans des ONG. « A peine sortis de Polytechnique, d’HEC, de Sciences PO, de l’Essec, ou après quelques années en entreprise, ils frappent à la porte des associations caritatives. Renonçant à des carrières prometteuses et des salaires élevés, cette « génération humanitaire » se met au service des déshérités ou de la planète en danger. » Ce mouvement est de grande ampleur. Martin Hirsch, ancien président d’Emmaüs France qui sort d’ailleurs de Science Po et de l’ENA, se dit « submergé » par les candidatures. Philippe Lévêque, directeur général de Care France et ancien d’HEC, a dans son équipe un tiers de diplômés de grandes écoles de commerce. Ceux qui ont tenté cette aventure sont ravis : « Aujourd’hui j’aide les gens en difficulté, une vraie motivation. Je ne travaille plus pour renforcer la rentabilité d’un groupe. » Ces jeunes sont informés des problèmes du monde. Ils veulent agir pour réduire les inégalités et sont prêts à s’engager dans des parcours atypiques. »

Aujourd’hui, les individus ayant atteint le niveau JAUNE l’ont forcément fait au cours de leur âge adulte, dans des conditions de vie très particulières : il faut qu’ils aient rejeté ORANGE, puis qu’ils aient adhéré à VERT et l’aient expérimenté et rejeté à son tour, enfin qu’ils aient acquis les modes de pensée et de fonctionnement de JAUNE ! C’est relativement rare et lié à une histoire de vie particulière.

Rien ne permet donc aujourd’hui d’imaginer quand et comment se mettra en place JAUNE dans le développement psychologique des individus lorsque ce valmème sera répandu et concernera une part significative de la société.

La situation est ici la même que celle que nous avons décrite pour JAUNE, mais en pire. Pour qu’un individu atteigne TURQUOISE dans un monde qui est encore dominé par BLEU et ORANGE, il faut qu’il ait vécu et rejeté ORANGE, puis qu’il ait traversé une phase en VERT, avant de la quitter pour découvrir et expérimenter JAUNE, et enfin qu’il ait perçu les limites de ce dernier pour passer au suivant ! Avec de telles conditions, ce qui est étonnant c’est que Graves en ait rencontré six.

1-Les deux autres sont l’apparition du sourire à la vue d’un être humain vers deux mois (correspondant au début de la sortie de BEIGE), et l’anxiété et le repli en présence d’une personne inconnue vers huit mois (correspondant à POURPRE)

2-Une fois passé BLEU, l’éducation des enfants est plus faite par leurs pairs, l’école ou la société que par les parents eux-mêmes.

40-Changer ou ne pas changer…

… telle est la question!

Sur le plan sociétal, nous sommes à la fois témoin et acteur d’une profonde évolution des systèmes de croyances et de valeurs de notre société. Par les différentes crises successives, nos certitudes sont ébranlées. Et nous sommes invités à remettre en question ce qui représente les fondations-mêmes de notre société.

Face à ce défi historique, probablement aussi important que celui qui a suscité la Renaissance, nous pouvons y réagir de trois manières différentes.

Wilhelm Reich, psychiatre, psychanalyste et critique de la société autrichienne.

La première attitude, dite « coincée », c’est le déni qui consiste en une incapacité d’accepter l’évolution en cours et conduit à une résistance   à l’évolution. C’est le discours des conservateurs réactionnaires qui, par peur du changement, vont rigidifier les centres de pouvoirs, les systèmes sociaux et les systèmes juridiques en renforçant principalement les systèmes de contrôle et de coercition à la conformité. Ceci se traduit par une montée des intégrismes, des nationalismes, de la xénophobie, de la recherche d’un bouc émissaire,… bref nous assistons à une montée de ce que techniquement se nomme le fascisme, même si l’on n’ose pas utiliser ce mot pour des raisons historiques. On serait bien avisé de relire « La psychologie de masse du fascisme » de Wilhelm Reich.

Autruche, la tête dans le sableLa deuxième attitude, dite « arrêtée », c’est la prise de conscience que le système dominant a dépassé son acmé et se trouve très clairement sur le déclin, la décadence. Bien que cette attitude prenne acte des faits, elle reste incapable de se mobiliser pour imaginer et co-construire le futur. Il y a comme un sentiment dépressif d’impuissance devant quelque chose qui nous dépasse; la peur de sortir de sa zone de confort car on sent qu’en agissant on risque de perdre plus qu’à gagner… alors on applique la politique de l’autruche et comme le chante si bien Stromae : Alors, on danse !

La troisième attitude, dite « ouverte », est celle qui nous intéresse ici et c’est à celles et ceux qui sont dans cette attitude que s’adresse cet article. L’attitude « ouverte » est portée principalement par ce que les sociologues nomment les « créatifs culturels ». Ils sont les pionniers et les porteurs du nouveau système sociétal qui est en train d’émerger sans se poser en opposition révolutionnaire à l’ancien, mais comme évolution transcendante de l’ancien perçu comme une étape nécessaire de notre évolution. Les « créatifs culturels » ne s’inscrivent donc pas dans le paradigme moderne, ni même dans le post-moderne, mais ouvrent, explorent et sont les pionniers de l’ère intégrale.

L’enjeu peut être formulé de manière très simple. Ainsi en hommage à Shakespeare: To change or not to change? That is the question.

Le défi consiste en ce qu’une large part de la population et de nos élus sont dans une attitude dite « coincée » et que cette part de la population est complétée par la tranche des « arrêtés » pour ainsi former une large majorité incapable de penser le futur et qui vont même s’opposer à l’évolution. En revanche, la bonne nouvelle consiste en ce que les « créatifs culturels » représentent environ un tiers (source 2014 : www.culturalcreatives.org) de la population occidentale et que cette tranche de population non seulement est en croissance exponentielle, mais est en train de s’organiser et de structurer son action sur tous les plans et en particulier sur le plan politique (au sens large, au-delà du politicard).

Auteur: Stephan Sengupta, économiste

39-La démocratie stratifiée 3-3

Que peut offrir la démocratie stratifiée?

La démocratie stratifiée, telle que définie par Don Beck, propose essentiellement qu’un élément de base de la démocratie, le gouvernement représentatif, soit mis en œuvre de façon à cadrer avec les valeurs et les normes, la culture, des gens à gouverner. En termes de « 4Q/8L », cela signifie de construire le carré en bas à droite (la forme de gouvernement) de manière à correspondre ((pour une présidence collégiale)) au carré en bas à gauche (la culture du peuple à gouverner) ((qui va de BEIGE à TURQUOISE)). En réalité, il s’agit d’un processus interactionniste, la culture influençant la structure et vice versa.

44-La démocratie stratifiée 3/3

Pour sa présentation de l’état du monde en l’an 2000 au Forum mondial, Beck a donné quelques exemples de base de la nature d’une structure de gouvernement adaptée au valmème dominant de la culture, voir tableau. Il a également fourni quelques exemples de concordances du « monde réel ».

Bien sûr, dans de nombreux pays, la culture est dominée par de multiples valmèmes ou des harmoniques de valmèmes, ce qui nécessite le développement de structures gouvernementales à multiples facettes ou des sections de risque pour la population ne se sentant pas représentée. L’une des raisons de la montée de l’extrême droite en Europe de l’Ouest au cours de la première décennie du 21e siècle, est que la pensée de ceux qui gouvernent (BLEU/ ORANGE/VERT) a perdu le contact avec la classe ouvrière blanche traditionnelle d’électeurs (POURPRE/ ROUGE/BLEU) sur des questions comme l’immigration.

Il est à noter que, dans sa présentation, Beck ne donne pas d’exemple d’un pays de 2e niveau (Intégral) – le plus avancé étant les Pays-Bas en termes de culture dominée par le VERT, ce qui nécessite une forme sociale-démocrate de gouvernement. (Les Pays-Bas et les pays scandinaves sont sans doute les plus égalitaires de toute la planète.) Ainsi, les concepts de ce que pourrait être un gouvernement intégral sont, à ce stade, de pures conjectures. Il n’y a, pour l’instant, pas de bloc identifié d’électeurs de 2e niveau assez grand dans n’importe quel pays pour exercer une influence électorale.

Application de la démocratie stratifiée

S’il est clair que la Théorie de modernisation a échoué et échoue encore – avec des conséquences dévastatrices sur tout le monde en développement – la démocratie stratifiée en est à ses débuts. Sa plus puissante application et la plus répandue jusqu’ici était au début et au milieu des années 1990, quand Beck a participé à l’élaboration de la transition sud-africaine de l’apartheid à la démocratie multi-culturelle (voir Don Beck et l’Afrique du Sud). Au cours des dernières années, Beck a également fait du bon travail avec les Palestiniens, et le Centre pour l’Émergence humaine aux Pays-Bas a commencé à influencer le gouvernement néerlandais avec des idées fondées sur la Spirale Dynamique. Il y a cependant un nombre croissant de preuves empiriques pour l’appui aux concepts du modèle de Graves/Spirale Dynamique, ces idées sur lesquelles se fonde la démocratie stratifiée, ainsi que sur des modèles similaires tels que les étapes de l’Ego développées par Jane Loevinger en 1976. En ce qui concerne la hiérarchie des besoins de Maslow (1943, 1956, 1970, 1971), à bien des égards le précurseur de la Spirale Dynamique, il continue à être le modèle de la psychologie la plus utilisée à l’extérieur des rares salles du monde universitaire, avec les études formelles et de nombreuses anecdotes pour soutenir son efficacité.

Ce qui est nécessaire, c’est que les diplomates américains et les hauts dirigeants militaires soient formés à la Spirale Dynamique, aux 4Q/8L et au concept de Mesh-Works afin qu’ils puissent appliquer la démocratie stratifiée en Afghanistan, en Irak et partout ailleurs où le rôle des États-Unis comme seule vraie superpuissance mondiale les envoie. Comme les Américains expriment une profonde compréhension et de l’empathie pour les cultures locales et régionales, les États-Unis sont susceptibles de trouver de nouveaux amis dans le monde au lieu de porter la caricature du « vilain américain » dont ses compatriotes se sont vu affubler depuis si longtemps à l’étranger.

De même pour les Européens afin qu’ils puissent aller au-delà des excuses de bêlement pour les iniquités de l’empire et commencer à aider leurs anciennes colonies à se développer d’une manière qui est naturelle pour elle.

Bien sûr, une partie du défi est de comprendre comment les valmèmes affectent l’économie et le développement économique!

38-La démocratie stratifiée 2-3

Pourquoi la théorie de modernisation n’a pas fonctionné?

Bien sûr, Rostow a clairement indiqué que ce n’était pas à réaliser du jour au lendemain et que la modernisation pourrait prendre jusqu’à 100 ans pour atteindre la maturité. Néanmoins, il est clair que le processus a été corrompu et qu’il est hors piste dans presque tous les pays dans lesquels la théorie de modernisation a été appliquée avec rigueur.

Talcott Edger Parsons, 1902-1979, est un sociologue américain qui a élaboré une théorie qu'il appelle fonctionnalisme systémique de l'action.
Talcott Edger Parsons, 1902-1979, est un sociologue américain qui a élaboré une théorie qu’il appelle fonctionnalisme systémique de l’action.

Talcott Parsons (1964) a identifié très justement que les « valeurs traditionnelles » étaient le plus grand obstacle au développement tel que prévu par Rostow. Bert Hoselitz (1964) a plaidé en faveur de l’introduction de l’éducation méritocratique comme un moyen d’inculquer aux générations à venir les valeurs occidentales. Alex Ingeles (1969) a défendu les médias de masse comme un agent essentiel dans la diffusion des idées sur la nécessité de la mobilité géographique, les unités de famille nucléaires, la planification familiale, les croyances et les pratiques séculaires et l’adoption du processus démocratique.

Tout cela, payé par l’aide au développement et des prêts, a fait peu de différence en Afrique noire. Les élites dans une grande partie du Moyen-Orient sont en effet riches du produit de leur argent du pétrole, mais ils sont myopes quant à leur dépendance du savoir-faire occidental et des travailleurs étrangers bon marché pour obtenir le pétrole du sol tandis qu’une grande majorité de leurs populations autochtones font l’expérience réelle de la pauvreté – même si le printemps soi-disant arabe de 2011 pourrait apporter un changement à cette inégalité flagrante dans certains pays du Moyen-Orient. « Eh bien, les Arabes sont-ils prêts pour la démocratie? ». Un certain nombre de pays du sud-est asiatique sont dirigés par au mieux des semi-dictatures – la plus célèbre étant la Birmanie – et, alors que certains exportent maintenant à une échelle industrielle, une grande partie de leurs populations mènent une vie très dure.

Alors que Parsons a correctement identifié les valeurs à la base des problèmes, ce qu’il n’aurait probablement pas pu savoir à l’époque – car Clare W Graves (1970, 1971/2002) avait à peine commencé à publier sur son travail remarquable – c’est la façon dont les systèmes de valeurs (valmèmes) fonctionnent et comment le changement a lieu sur la Spirale. (Cependant, la version initiale de la Hiérarchie des besoins de Abraham Maslow en 1943 a précédé celle de Rostow et celle de Parsons … alors peut-être qu’il n’y a aucune excuse?)

Ces « valeurs traditionnelles » que Parsons a vu comme des obstacles à la modernisation sont, en effet, naturelles pour une pensée tribale du valmème POURPRE. Vu que la motivation clé de POURPRE est de trouver la sécurité dans l’appartenance à un groupe, les tentatives de déstabiliser et d’imposer une autre façon de penser conduira soit à un renfermement sur soi et un refus catégorique de même envisager le changement, soit à l’émergence d’une forme très malsaine de ROUGE. (L’émergence d’un ROUGE sain nécessite les fondations d’un POURPRE sain). Ainsi, en ignorant les besoins de POURPRE ou, pire encore, le mettre en danger par la déstabilisation fonctionne réellement à contre-courant du processus de développement décrit par Rostow.

Il est généralement reconnu que si elle est acceptée dans la communauté, l’éducation peut ouvrir des horizons et conduire à la remise en cause des façons de faire traditionnelles. Toutefois, les valeurs transmises par les systèmes d’éducation doivent s’appuyer sur des fondations solides et de manière non menaçante – il faut éviter de remplacer ces valeurs de sécurité. Il est intéressant de noter que Daniel Lerner (1958), dont Rostow a emprunté de nombreux concepts pour la construction de la théorie de modernisation, a eu l’idée de prendre les enfants des élites tribales et de les éduquer dans les écoles et les collèges de l’Ouest. En théorie, cela semblait être une bonne idée d’envoyer les jeunes loin des milieux de renforcement des valeurs tribales traditionnelles. Cependant, Péter Tamás Bauer (1982) note que beaucoup de ces jeunes élites de formation occidentale sont retournés chez eux uniquement pour monopoliser les premières positions, restreindre la mobilité vers le haut et renforcer la tyrannie ROUGE la plus brutale, par exemple la République centrafricaine de Jean-Bedel Bokassa,

Charles Taylor du Liberia et, bien sûr, Robert Mugabe du Zimbabwe. Bauer appelle ce travail de sape du développement la « cleptocratie » car les élites semblent souvent uniquement intéressées à se remplir les poches.

Un ROUGE sain est un élément essentiel dans les « selfplexes » des entrepreneurs, et si vital pour la scène 2 de Rostow. Mais les dictateurs impitoyables qui ont si souvent utilisé l’argent de l’Occident pour leurs propres fins tout en opprimant et affamant leurs propres peuples ne pouvaient sûrement pas être ce que Rostow envisageait…?

Alors que les marxistes ont tendance à voir l’esprit de servitude économique dans l’application de la théorie de la modernisation, du point de vue socio-psychologique, il semble que c’est surtout dû à l’ignorance aveugle et à un manque total de compréhension du fonctionnement des systèmes de motivation humains, à la fois individuellement et culturellement. Une grande partie du tiers-monde, en particulier l’Afrique noire, est prise au piège dans des cultures de POURPRE et de ROUGE. Les profondes divisions tribales et les insécurités, comme au Rwanda, créées à l’origine par les frontières inter-tribales imposées par les colons européens ont été exacerbées par les pressions de moderniser et de soutenir la concurrence dans un monde globalisé. Au sommet de tout cela, des myopes occidentaux ont facilité une course apparemment sans fin des despotes tyranniques qui poursuivent leurs propres caprices pour se remplir leurs propres poches. Pas étonnant alors qu’un pays ou un autre en Afrique noire semble toujours être pris dans une guerre civile. Pas étonnant non plus que le spectre terrible d’un génocide semble toujours prêt à frapper quand POURPRE, la base cognitive de la Spirale, a été si complètement saccagée.

Depuis que l’étape 3 de Rostow nécessite une quantité importante de pensée BLEU, l’étape 4 nécessite à la fois BLEU et l’émergence d’ORANGE et l’étape 5 d’une large domination de ORANGE, alors qu’une grande partie du tiers-monde doit encore aller au-delà de ROUGE dans sa culture, il n’est pas surprenant que la Théorie de la modernisation ne fonctionne pas et que peu d’États du tiers-monde ont pu aller au-delà de l’étape 3.

Il convient de noter que les nouveaux géants économiques, l’Inde et la Chine, non seulement n’ont pas pris grande notice de l’avis de Rostow, mais ont des formes de culture BLEU établies de longue date. Ils étaient tous deux des civilisations très avancées avant de tomber sous le contrôle des Européens. Ainsi, leurs traditions étaient BLEU en nature ainsi que POURPRE. Les structures religieuses hautement sophistiquées de l’Inde remontent à plusieurs siècles et fournissent à une grande partie du pays un socle d’organisation et de discipline. Le communisme maoïste de la Chine, pour toute la suppression de ses habitants, a fourni une structure étatique monolithique et de contrôle qui a organisé le pays à grande échelle. Chris Edwards (1992) suggère que le succès des économies du tigre d’Asie et de la Chine est dû à une combinaison réussie de la religion confucéenne chinoise (BLEU/VERT) et de la pensée et des pratiques (BLEU/ORANGE) rationnelle occidentale. La religion dans ces sociétés a favorisé l’émergence d’un leadership politique et moral autoritaire (BLEU) qui exige le sacrifice, l’obéissance et le travail acharné en échange de la prospérité. Cela a favorisé l’acceptation de pratiques économiques et culturelles occidentales.

Si le sommet de la vision de Rostow était que chaque pays devrait se retrouver dans une société démocratique et consumériste, alors l’implication est que c’est la forme ultime qu’un pays devrait prendre. ((On voit aujourd’hui quel chemin catastrophique nous avons pris!)) Chaque pays devrait aspirer au style occidental de démocratie avec une personne / un vote (secret). Chaque pays devrait aspirer à avoir une économie consumériste ((Quand on voit qu’elle fait imploser la planète, elle ne peut vraiment pas être au sommet d’une quelconque échelle!)). L’autre conséquence est que toute autre forme de gouvernement de toute autre forme d’économie est automatiquement inférieure … et plus la distance socio-psychologique de ce gouvernement par rapport à l’idéal de Rostow, plus cette économie est inférieure.

Compte tenu de ces conséquences, il n’est pas difficile de voir que les préjugés ainsi déformés des vues de Rostow, Parsons et Inkeles les ont fait percevoir les valeurs tribales traditionnelles comme non seulement inutiles mais positivement nuisibles.

37-La démocratie stratifiée 1-3

Pour la propagation de la Spirale Dynamique dans les milieux de la politique, nous avons entrepris de traduire et publier l’article de Don Beck sur la démocratie stratifiée.

Démocratie stratifiée versus Théorie de la modernisation

Walt Whitman Rostow est un économiste et théoricien politique américain. Il a formulé une théorie du développement et des conditions de la croissance qui a marqué les années soixante.
Walt Whitman Rostow est un économiste et théoricien politique américain. Il a formulé une théorie du développement et des conditions de la croissance qui a marqué les années soixante.

Il est assez étonnant que 50 ans après que Walt Rostow (1960) ait publié « Les étapes de la croissance économique: un manifeste non-communiste », les idées de Rostow – Théorie de la modernisation – forment toujours encore la politique étrangère occidentale – et l’attitude des États-Unis en particulier. En 50 ans, on a d’abord vu la fin des empires européens et ensuite la disparition du communisme comme une alternative politique et économique au capitalisme, mais les idées de Rostow ont presque universellement omis de remettre à jour la richesse et la prospérité pour les pays en développement qu’ils avaient promis. De grandes parties du monde où les idées de Rostow ont été appliquées – « l’Afrique noire », en particulier – sont embourbées dans la pauvreté et la dette. Non seulement cela, mais les idées de Rostow sous-tendent le manque de compréhension et l’application par les Américains de stratégies inappropriées en Irak et en Afghanistan, avec toutes les conséquences sanglantes en ayant découlé au cours de la première décennie du 21e siècle.

André Gunder Frank, 1929-2005, est un économiste germano-américain
André Gunder Frank, 1929-2005, est un économiste germano-américain

Les idées de Rostow ont été fortement critiquées du point de vue marxiste, notamment avec la théorie de la dépendance d’André Gunder Frank (1971) et la théorie des systèmes mondiaux de Immanuel Wallerstein (1979) – même si ces critiques sont largement politiques et/ou économiques. (Fait intéressant, les deux géants économiques émergents du début du 21e siècle, l’Inde et la Chine, sont remarquables en évitant au moins une partie des idées de Rostow!) L’objectif de cet article est de critiquer Rostow d’un point de vue socio-psychologique et de présenter un autre modèle pour le développement social et politique avec le concept de Don Beck de démocratie stratifiée, d’abord présenté lors d’une conférence au cours du Forum de l’an 2000 et en réponse à l’État du Monde de Mikhaïl Gorbatchev.

Pour une discussion complète des idées de Rostow et une évaluation partielle les concernant, voir sa Théorie de modernisation.

La suite dans le prochain article…

36-Où sont les JAUNE?

Nos valeurs dominantes sont la complexité et la non-dualité. Notre devise c’est inclure utilement les approches contradictoires: « Je reconnais la structure dans le chaos » et nos symboles sont le kaléidoscope et les processus en flux.

Pour nous, le monde est comme un habitat naturel, en constante évolution.

Nous vivons actuellement une grande solitude et trouvons difficilement des homologues pour partager notre vision complexe du monde. Nous faisons preuve d’une certaine impatience d’apparence élitiste, pouvons aussi sembler arrogants, parce que nous ne sommes pas compris. Nous cherchons alors d’autres possibilités ailleurs et sans les autres.

Nous pouvons surmonter le dualisme, expérimenter la coïncidence paradoxale des contraires et reconnaître le tableau d’ensemble sous-jacent. Nous nous organisons de manière autonome, en réseaux, privilégions la gestion du chaos et les systèmes apprenant et nous gérons nos projets en auto-organisation. Nous sommes des collaborateurs de projets à durée déterminée, responsables et motivés par des scénarios où le plus compétent en prend la direction.

Ce qui nous fascine, c’est la compréhension non-duale de processus fluides, une vision systémique de réseaux complexes, une volonté d’apprendre et d’évoluer tout au long de la vie, une liberté d’aller et venir librement, faire confiance à l’intuition et une sagesse paradoxale.

Si on nous met des bâtons dans les roues, nous évaluons la situation et restons, si une action positive ou une évolution est perceptible et partons, si ce n’est pas le cas. Nous réagissons parfois de manière impatiente, brusque ou élitiste.

Nous voyons les expériences négatives qui introduisent des changements à la poursuite du développement. La liberté et la décision de l’individu seul ne suffit pas pour lancer les mesures collectives nécessaires pour permettre la survie de la communauté mondiale de l’humanité. Bien que nous apprécions tous les stades de développement, nous rejetons ce qui affecte le développement individuel et collectif. Nous respectons tous les niveaux d’évolution impliqués et leurs positions de valeurs, et sur les questions qui touchent tous les niveaux, nous pouvons nommer des priorités et des hiérarchies claires et ainsi obtenir des résultats utiles.

Nous avons une image paradoxale et trinitaire de Dieu, une co-inhérence entre l’homme et Dieu. Jésus est un vrai homme et vrai Dieu, mystagogue et enseignant de la non-dualité, le Christ est en nous et nous en lui.

Dans les relations familiales, nous apprécions de jouer des rôles différents de tous types, et nous attendons des autres des compétences pour faire face à tous les stades de développement des individus, en outre nous avons besoin d’un haut niveau d’informations.

Nous nous habillons de manière fonctionnelle, non spectaculaire et tout simplement, mais nous nous sentons libres, si nécessaire, de nous vêtir de tout style approprié à une situation donnée.

Nous préférons l’apprentissage individuel en fonction de nos propres intérêts et besoins avec une forte auto-motivation. Notre apprentissage et les expériences que nous pouvons faire sont notre récompense.

Pour nous aider dans notre propre processus d’évolution, nous recherchons une pensée pratique très large, basée sur les meilleures informations de toutes les sources disponibles. Nous recherchons les changements qui mènent à de meilleurs résultats, utilisent moins d’effort et causent moins de dégâts.

Notre style d’organisation spirituel et philosophique est un style alliant informations et présence axée sur les projets ainsi que des structures minimales.

Nous sommes les JAUNE de la Spirale Dynamique et recherchons nos frères et sœurs de pensée et de cœur.

35-Êtes-vous libre dans vos pensées

Est-ce l’Église qui vous dit ce que vous devez penser, le parti de Hollande ou de Sarkozy, un gourou, alors vous êtes sans doute momentanément dominé par le valmème BLEU. Si vous pensez que vous êtes le meilleur et que tout le monde doit être à votre service et fonctionner selon votre bon vouloir et que vous êtes prêt à appuyer cette pensée par de la pression psychologique ou physique, vous êtes sans nul doute un représentant classique de l’expression du valmème ROUGE.

Spirale Dynamique avec lettresCes couleurs sont des marqueurs dans le monde de la Spirale Dynamique pour les conditions de vie et les capacités cérébrales d’un individu. Les valmèmes sont comme un monde parallèle mais toujours présent, parfois de manière consciente, parfois non. Mail il est là, et on le remarque dans des expressions de pensées et autres artéfacts. Et la Spirale Dynamique nous aide, grâce à nos cellules grises, à voir le monde tel qu’il est « réellement », à savoir différent pour tous.

Mais pour voir les choses, il faut avoir les yeux ouverts, et pour comprendre les choses, il faut avoir l’esprit ouvert, mais cela ne marche pas sur commande. Pour certains, c’est le fruit de longues années de travail, parfois même avec une souffrance sans fin, mais il est aussi des personnes pour lesquelles c’est tout naturel.

Lorsque Graves, avait étudié dans les années 60 les individus du monde économique et dans des études cliniques, il a découvert que le potentiel qui leur permettait de changer se situait sur une gamme allant de ouvert à fermé en passant par bloqué.

De nos jours, une pensée ouverte est primordiale pour fonctionner à un niveau de conscience aussi complexe que le JAUNE après le changement de paradigme. Elle offre la meilleure option d’adaptation à d’autres cultures, conditions et réalités. Et sans adaptation, c’est le conflit, le stress, la maladie. La pensée ouverte agit de manière efficace avec les obstacles et ne connait pas de limites comme la pensée fermée et bloquée.

Du point de vue de la Spirale Dynamique, la pensée bloquée est capable de revenir à des valvèmes précédents, mais ne peut accepter des changements que s’il n’y a a pas d’obstacles ou s’ils peuvent être dépassés aisément. Il lui manque le fameux ‘Eureka’ qui lui permettrait d’expliquer la situation. La pensée bloquée se sert d’excuses, de tromperies, de désistements pour justifier le status quo.

Mais le pire, c’est la pensée fermée  avec laquelle on n’avance pas d’un pouce. L’individu est prisonnier de sa pensée, il tourne en rond comme dans une cage. L’aveuglement psychologique bloque le regard vers les alternatives. Quand on voit que les industriels et les politiques ne font rien pour un monde meilleur, c’est la pensée fermée qui les en empêche.

34-Il faut une présidence collégiale en France

Nous sommes en 2013, et dans la plupart des pays, il y a eu, depuis des dizaines d’années, tellement d’échanges avec le monde extérieur que différentes cultures de pensée qui n’existaient pas auparavant sont apparues et se développent au sein des pays qui se pensent démocratiques.

La démocratie émane du peuple apprennent les enfants à l’école. Suffit-il d’avoir le droit de vote ou d’élire des députés pour que cet état de fait soit encore garanti? Une petite observation s’impose et révèle qu’il n’en est rien!

Ont voix au chapitre, ceux qui pratiquent la loi du plus fort et sont donc toujours gagnants, sauf quand ils se trouvent en face de plus forts qu’eux, ce qui devrait être rarement le cas. Et de nos jours, les gagnants sont les multinationales, les grands groupes et les banques. Elles accaparent tout et sur une planète encore soumise à la dualité, les ressources augmentent d’un côté et disparaissent de l’autre. Ce système n’est pas juste, il va à l’encontre de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

Spirale Dynamique avec lettresNos présidents successifs ne savent plus gérer la France, du moins pas correctement. Ils n’ont pas encore les capacités intellectuelles pour comprendre que la croissance est une absurdité dans un monde fini et ne respectent pas non plus tout le monde comme ils voudraient être respectés eux-mêmes. Ils ont un comportement BLEU, ORANGE et rarement VERT et parfois même carrément ROUGE. Ce sont des couleurs de la Spirale Dynamique, un concept de Prof. Clare GRAVES pour comprendre l’évolution de la pensée individuelle et collective. Ce sont des niveaux d’existence qui font partie du premier plateau de valmèmes, en quelque sorte une unité de mesure de la progression sur la Spirale Dynamique qui comporte à l’heure actuelle 8 couleurs ou 8 valmèmes qui vont du plus simple au plus complexe, ceci au niveau de la pensée, mais évidemment aussi des systèmes qui en résultent.

La pensée d’une présidence collégiale est une pensée émanant du deuxième groupe de valmèmes qui débute avec JAUNE puis TURQUOISE dont on note les premiers bourgeons et qui est le valmème le plus évolué. Il n’est pas nécessairement meilleur que les autres, il faut que chaque valvème soit équilibré et que la Spirale des personnes s’y trouvant le soit également, mais les valmèmes du second groupe de niveaux ont l’avantage de voir la totalité de la Spirale et de penser aux conséquences pour la planète des actes qu’elles posent.

Sur le premier plateau, de BEIGE à VERT, l’ego est fortement développé et prépondérant. Cela se note aisément aux duels télévisés lors des campagnes ou lors des solos dans les partis. Au second niveau, l’ego est encore présent, mais il joue un rôle secondaire. On le réactive par exemple lorsqu’il faut fuir face à un danger. Mais en règle générale, l’esprit est dominé par le bien commun et le bien supérieur.

Plus on avance sur la Spirale, plus on englobe de valmèmes que l’on a traversés, et où l’on a séjourné parfois pendant des années. Au premier niveau, les valmèmes se font la concurrence, puisque chacun pense détenir la vérité. Au second niveau, on laisse à chacun sa vérité et on essaye de faire harmoniser le tout. Il faudrait donc qu’un président unique englobe toutes les couleurs et les servent dans sa politique, ce qu’aucun ne sait faire puisqu’ils ont presque tous une forte dose de BLEU et d’ORANGE, alors qu’un président devrait être positionné en JAUNE et TURQUOISE. Il en ressort donc, afin que cessent ces dégradations sociales, ces guéguerres civiles continues, que la France ait une présidence collégiale avec au moins trois, mieux encore cinq présidents défendant les couleurs ROUGE, BLEU, ORANGE, VERT et JAUNE parce que ce n’est que cette dernière personne qui a les capacités de comprendre toutes les autres puisqu’elle a déjà traversé tous les valmèmes et que ce n’est qu’avec elle que les droits de tous sont respectés. Il n’existe aucun pays piloté en JAUNE, mais si vous souhaitez connaître une telle société, allez visiter celle de Ricardo Semler au Brésil.

Mais comme nos systèmes politiques et nos gouvernements sont contrôlés par des personnes en BLEU et ORANGE qui ne comprennent pas les personnes en VERT et JAUNE alors que ces dernières les comprennent parfaitement et voient comment elles vont droit dans le mur, la présidence collégiale en France et ailleurs restera une utopie, mais c’est la meilleure solution.

33-La démocratie dans nos sociétés

Même si le lecteur ne le sait pas encore, nous vivons et nous nous développons sur cette Spirale Dynamique. Cette Spirale Dynamique a exprimé jusqu’à présent 8 couleurs qui correspondent à 8 conditions de vie et 8 capacités cérébrales. Pour chacune des 8 couleurs, la 9e est en train de se développer, la démocratie prend un autre sens.

En Beige, il n’existe aucun concept d’organisation politique.

Pour Pourpre, la démocratie est ce que le peuple décide de faire, que le chef annonce et qui est dirigé par les anciens et les esprits.

Avec Rouge, la démocratie est tout ce que le leader déclare comme tel. « Le pouvoir au peuple », cela signifie le pourvoir au leader et quelques élus.

Bleu voit la démocratie comme un système juste pour les Hommes justes et bons qui observent les règles et les traditions.

En Orange, la démocratie est une politique pluraliste déterminée par donner et recevoir au sein d’un jeu économique de contrôle réciproque.

Pour Vert, la démocratie signifie que chacun participe avec les mêmes droits à la prise de décision par consensus et pour notre bien à nous, le peuple.

Avec Jaune, la démocratie est un processus qui intègre la plupart des intérêts de telle manière que les flux puissent être développés vers le haut de la spirale.

Et Turquoise voit la démocratie comme un macro-management de toutes les formes de vie pour le bien commun en réaction aux macro-problèmes.

Toutes ces couleurs ou visions du monde sont présentes en France et dans les autres pays occidentaux. Les couleurs ou groupes les plus représentés sont Bleu et Orange. Avec l’arrivée des personnes issues du milieu de la migration, Pourpre et Rouge sont représentées de manière significative dans la société. Des problèmes croissants dans les pays et le monde ont amené Vert, Jaune et Turquoise sur le devant de la scène. Et le système financier devenu fou a offert aux politiciens et chefs d’entreprises le self-service Rouge qui dans son expression négative intimide, exploite et manipule les gens sans pouvoir ou bouscule, domine, malmène. Chacune de ces couleurs ou manières de penser a des côtés sains et des côtés malsains pour l’individu tout comme pour l’ensemble de la Spirale. Pour qu’une société, une entreprise, une famille, une association ou un pays fonctionnent, il faut que leur Spirale soit en harmonie. Le lecteur sait qu’elle est très rarement en harmonie chez le particulier et jamais dans les sociétés. Un lecteur avisé essaiera au maximum d’équilibrer la sienne afin que la Spirale globale soit en équilibre.

La plupart des politiciens sont positionnés en Bleu, leur programme est la Vérité Ultime pour tout le pays, c’est pourquoi l’Amérique veut absolument apporter la démocratie à des pays qui ne sont nullement prêts pour la recevoir. Les gens, les politiciens sont aussi des gens, mais comme il y a si souvent un gouffre entre la pensée et l’action, ils agissent pour la plupart à partir de Orange où la version malsaine de cette manière de penser veut toujours plus d’argent, toujours plus de croissance sans scrupules pour les dégâts collatéraux.

Afin de continuer à se développer, il faut bien sûr une pensée ouverte. La pensée bloquée voit son programme, ses propres idées comme les meilleures et les plus justes pour tous. Superficiellement, nos pays sont dirigés par un président ou un chancelier, et il n’existe pratiquement plus de différence entre gauche et droite. Dans la pratique, c’est toujours encore le clientélisme familial et négatif de Pourpre qui est actif.

Lorsque j’écoute des conversations politico-économiques, il y a souvent des différends, les uns ne savent pas écouter, les autres coupent la parole, chacun veut avoir raison et chacun n’a que raison pour lui, mais pas nécessairement pour les autres.

Comment diriger un pays avec ce savoir?

Je plaide pour un collège de présidents composé des différentes couleurs. Afin qu’il n’y en ai pas de trop, nous pourrions prévoir des présidents qui ont des capacités cérébrales dominantes positives en Rouge, Bleu, Orange, Vert et Jaune. Il est impératif que quelqu’un défende les valeurs Jaune afin qu’il soit garanti que les valeurs des conditions de vie Beige, Pourpre et Turquoise soient également défendues. Entre Vert et Jaune, il existe un saut quantique. Au cours du premier plateau de Beige à Vert, chaque groupe ou couleur pense avoir trouvé le saint Graal. A partir du second plateau qui s’élève à partir de Jaune, on considère toutes les étapes précédentes comme de niveau égal et nécessaires pour atteindre les marches supérieures.

La faisabilité pratique

Comme toujours, je plaide pour le courage d’essayer sur un territoire donné. Tous les individus ont accès à Internet. Tout le monde remplit le questionnaire qui leur montre sur quelle marche de la Spirale ils se trouvent, peu importe celle qu’ils ont atteinte ou celle qui est dominante chez chacun, puisqu’elles ont toutes la même importance, elles doivent juste être en harmonie, ce que le questionnaire de base ne peut révéler. Pour toute personne ne pouvant remplir le questionnaire car elle manque d’intelligence ou de capacités cérébrales sera apprécié d’une autre manière afin qu’il trouve le groupe qui lui convient. Chaque groupe choisit ses représentants qui agissent dans leurs intérêts. Et chaque groupe reçoit de l’argent pour mettre en place ses projets. Les Jaune et les Turquoise sont des groupes conseil qui veillent à ce que les Spirales soient toutes saines ou le deviennent.

32-POURPRE, JAUNE et une chaise sacrée

Entre l’Afrique et l’Europe, le choc des cultures a frappé une fois de plus. Élodie, coopératrice au développement, était partie en Afrique, plus précisément au Burkina Faso. Elle était logée et nourrie dans une famille qui fait partie de la classe moyenne burkinabé.

Un dimanche, les deux parents, Hortense et Lazare, étant de sortie et elle-même ne souhaitant pas participer à la visite de famille, elle resta à la maison. Ayant eu l’occasion de voir les jours précédents que les enfants n’avaient aucune éducation à la propreté et mangeaient comme des cochons, Élodie décida de s’adjoindre les deux bonnes, Fatou et Salimata pour faire manger les enfants à table et le plus proprement possible. Chaque femme adulte avait à côté d’elle un enfant âgé de 3 à 9 ans. Tout le monde devait vider son assiette, ce qui revient à ne pas en mettre de trop au départ et rester à table jusqu’à ce que la dernière de 3 ans ait terminé. Ce point était satisfaisant, tout comme la propreté des lieux qui n’était pas parfaite, mais loin de ce qui avait cours en général dans la maison.

Chaise sacréeLe soir venu et les parents de retour, Hortense était en train de déballer des choses à table. Élodie la vit et lui raconta, non sans une certaine fierté, qu’elle avait réussi à faire manger les enfants proprement à table. Le visage de Hortense s’éclaira. Puis Élodie poursuivit en expliquant qu’elle n’avait bien sûr pas pu réussir cet exploit toute seule et qu’elle avait adjoint une bonne à chacune des deux filles et qu’elle avait pris le garçon. En un éclair, le visage de Hortense s’assombrit, devenant même menaçant, et elle se mit à vociférer « Les bonnes ne mangent jamais avec nous à table! Cette chaise est sacrée. C’est inadmissible. Ces chaises sont nos chaises, de Lazare et moi. Les bonnes n’ont pas le droit de s’asseoir dessus. C’est comme si tu les avais invitées à coucher dans notre lit! » Et elle répétait cela plusieurs fois, totalement énervée. Élodie était choquée de la réaction et se trouvait toute penaude face à Hortense, dans les 85 à 90 kg pour 1,78m qui lui faisait la morale burkinabé pendant que son fils de 5 ans les observait.

Il avait fallu renvoyer la bonne précédente parce que Élodie, qui était déjà venue dans la famille deux ans auparavant, lui avait mis des idées d’égalité dans la tête!!! Voulant faire le bien, elle avait fait le mal. La bonne avait visiblement exigé des choses auxquelles une esclave n’a pas droit, car c’est ainsi que Élodie voyait les bonnes, des esclaves modernes, non enchaînées et recevant un petit pourboire pour tout salaire, mais des esclaves tout de même, car elles recevaient des ordres qu’elles avaient à exécuter, sans s.v.p. et sans merci! Et surtout, on leur laissait tout le travail de rangement et de nettoyage en plus de leurs travaux habituels, juste parce que enfants et adultes n’ont pas appris les règles de la propreté et du respect envers l’autre. Ces adultes sont donc constamment en contradiction avec la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui reconnaît l’égalité des droits à tout un chacun.

Nous avons ici le choc, non pas des cultures, mais des valeurs. Hortense est centrée en Pourpre, c’est une société dirigée par les aînés ou un chef qui prennent les décisions. Quand Élodie fit comprendre diplomatiquement à Hortense que sa façon « d’éduquer » les enfants n’était pas la bonne, elle se vit répondre que sa mère l’avait déjà fait comme ça et qu’au Burkina, cela se faisait toujours comme ça, on faisait comme les parents. Les rôles dans la famille sont distribués selon l’âge, le sexe, la femme est inférieure et soumise à l’homme et aux forces spirituelles. Les rituels et méthodes tribales sont sacrées et doivent être observées avec rigidité. Celui qui ne connaît pas les codes est exclu, considéré comme inférieur. Pour survivre, Élodie aurait dû se soumettre, mais Élodie, centrée en Jaune et qui englobe tous les autres valmèmes du premier gradin ne supporte pas les contraintes pour elle et n’accepte pas le rejet des droits de l’homme, donc de l’égalité entre tous les humains. Mais en ayant fait le grand saut, en était passé au 2e Ordre qui commence avec Jaune, elle accepte que ce soit différent pour les autres. En Pourpre, les gens de l’extérieur ne sont pas considérés comme des « gens », ils sont de « catégorie » inférieure. Lors de son différend avec Hortense, Élodie avait bien eu ce sentiment d’être d’une catégorie inférieure à Hortense, une personne stupide qui n’aurait pas l’intelligence de comprendre ce qui est bien.

Le mari de Hortense, Lazare, a déjà fait de nombreux voyages en Europe francophone, il est donc au courant d’une bonne partie des valeurs occidentales différentes des siennes, et il sait que les blancs en Afrique mettent régulièrement les pieds dans le plat là où il ne faut pas. Il aurait donc réagi bien moins violemment, il aurait peut-être même accepté que les bonnes s’asseyent à table si personne ne le voyait et n’en parlerait. Mais lors d’un entretien séparé avec lui, Élodie avait également remarqué que ce qu’elle était en train de critiquer le menaçait dans son identité d’homme burkinabé.

Comment faire donc que des personnes qui s’apprécient par ailleurs, mais qui sont de culture de valeurs si différentes puissent travailler ensemble? Car la mauvaise option serait de ne plus se fréquenter, donc de ne plus pouvoir apprendre l’un de l’autre. La solution, c’est justement le dialogue, encore et encore, expliquer les limites des uns et des autres dans le respect de l’un et de l’autre. On ne peut que respecter les règles que l’on connaît. Si Élodie avait connu cette règle, elle se serait installée avec les bonnes et les enfants dehors, dans la cour, par terre ou autour de la table dans la cour.